D’une façon ou d’une autre, élu Président, François Mitterrand aurait marqué de son empreinte la physionomie de Paris. Et cela, non par syndrome présidentiel.
Inutile en l’espèce de rechercher l’ombre portée de De Gaulle qui avait présidé, sans s’en soucier, à l’une des plus ternes périodes de l’architecture française et à l’une des plus néfastes de son urbanisme. Ni de se référer au Beaubourg de Pompidou que François Mitterrand ne détestait pas mais qui ne compense pas son « adapter Paris à l’automobile ». Ou à (...)
« J’ai pris en compte le développement du musée d’Orsay, le développement de la Villette, le développement de la Défense, qui seront des oeuvres qui, je l’espère, marqueront l’esthétique moderne en même temps que l’urbanisme. J’ai également pris la décision de rendre le Louvre à sa destination et, de ce fait, j’ai demandé au Premier ministre de prévoir l’installation et la construction du ministère des Finances dans des lieux aussi nobles qu’il le mérite, mais sans qu’il y ait confusion excessive entre l’état de (...)
Lire la suiteL’expression « grands travaux » qui a très tôt servi à désigner l’ensemble des projets décidés ou relancés sous les deux présidences de François Mitterrand recouvre en fait des réalités très diverses. Ainsi, à Paris, elle s’applique tout à la fois à une architecture dont la fonction est évidente (musée du Grand Louvre, Opéra Bastille, Grande Bibliothèque, par exemple) mais aussi à des réalisations qui répondent principalement à des préoccupations d’urbanisme (la Grande Arche en est le meilleur type). Ces (...)
Lire la suiteJean Glavany : « François Mitterrand est un homme de la France rurale très marqué par sa Jarnac, la propriété agricole de ses grands-parents à Touvent, en Charente, son ancrage dans le Morvan, son installation à Latche dans les Landes, la forêt landaise...
Mais c’est aussi un homme qui aimait beaucoup la ville. Il passait des heures à marcher dans Paris. Il trouvait qu’il y avait un appauvrissement architectural et urbanistique de la capitale française et il voulait y remédier en mobilisant des grands (...)
Associé à I.M. Pei depuis le début des études du Grand Louvre, jusqu’à sa réalisation et à l’ouverture au public de la pyramide, de l’aile Richelieu et de la galerie Carrousel du Louvre, j’ai eu la chance et le plaisir de rencontrer à de nombreuses reprises le président Mitterrand de 1983 à 1993. J’ai toujours été impressionné, quelles que soient les turbulences des événements de l’époque, par l’attention soutenue et la concentration totale qu’il témoignait durant les présentations des études architecturales (...)
Lire la suiteUn opéra n’est pas n’importe quel édifice. Il se doit d’être doté de qualités très particulières. Au moment où vous vous lancez dans le concours, est-ce que vous aviez en tête des expériences ou des modèles qui vous avaient marqué et pouvaient vous inspirer ?
Carlos Ott - Je viens d’une famille très mélomane. Elle a longtemps fabriqué des pianos en Allemagne. J’ai baigné dans la musique pendant toute ma jeunesse. S’agissant de cette construction effectivement si particulière, un opéra, j’avais été marqué par (...)
Vous n’avez que trente six ans quand vous êtes choisi par un jury présidé par l’architecte Pei pour construire la Grande Bibliothèque. N’avez-vous pas été intimidé par la hauteur du défi ?
Dominique Perrault - Dans cette affaire, ma jeunesse a été pour moi une force. Celle-ci résidait en particulier dans le fait d’ignorer ce qui m’attendait. Je faisais alors partie des espoirs français, j’avais déjà quelques belles réalisations à mon actif, mais c’était le premier concours international que je gagnais.
Je (...)
J’ai projeté sous les septennats de François Mitterrand deux ensembles que l’on dit aujourd’hui présidentiels : le ministère des Finances et la rénovation de la galerie de zoologie du Muséum.
J’ai rencontré le président de la République trois fois à l’Élysée et trois fois sur les deux chantiers, la dernière fois en juin 1994, à l’occasion de l’inauguration de la Grande Galerie où s’attardant bien plus longtemps que le temps protocolaire, et un moment agrippé à mon bras, il me glissa à l’oreille, s’étant énervé (...)
Le 10 mai 1981, lorsque François Mitterrand fut élu président de la République, je ressentis deux sentiments contradictoires très forts : d’une part la joie de voir un leader de gauche être au pouvoir en France et, de l’autre, la crainte de voir s’interrompre le projet pour le musée d’Orsay dont j’avais remporté le concours en 1980.
Mais très rapidement, le Président fait annoncer le programme du Grand Louvre et nomme un nouveau président de l’établissement public du musée d’Orsay. Pour ma part, je suis (...)
Passionné, hésitant : tel se montrait François Mitterrand à propos des grands travaux. Passionné de ces jalons qu’il posait dans Paris et qui allaient à ses yeux rester dans l’histoire. Ce n’est pas pour rien qu’il fit du Louvre le plus grand de ses grands projets : il y avait du Louis XIV dans son regard sur les maquettes ; le Roi-Soleil était avec nous cet après-midi de septembre 1987 : nous faisions, sur un chemin de planches, le tour du chantier des fouilles ; arrivé au fond de la cour, sous le (...)
Lire la suiteDu musée d’Orsay à la Grande Bibliothèque en passant par la Cité de la musique et l’Opéra Bastille, ce sont dix réalisations majeures qui ont vu le jour au cours des deux septennats. On trouve peu d’époque comparable de ce point de vue dans l’histoire de Paris. À l’œuvre dans les coulisses de ces opérations, une équipe d’urbanistes, d’ingénieurs et de techniciens à laquelle revient le mérite d’avoir développé une méthode qui garantissait la bonne fin des travaux, dans un calendrier contraint, et le respect (...)
Lire la suiteÀ la fin de la présente année 2006, le 1er décembre, le musée d’Orsay aura vingt ans. Cette date, je l’avais proposée à François Mitterrand dès le début de 1986 au cours d’un des nombreux entretiens qu’il m’a accordés à partir de ma nomination, en août 1981, à la présidence de l’établissement public chargé de concevoir, de construire et de mettre en état de fonctionnement ledit musée. J’ai pu mesurer, au cours de ces audiences ainsi qu’à l’occasion des visites de chantier qu’il fit pendant la phase de (...)
Lire la suiteParmi les grands travaux de François Mitterrand, l’aménagement des 55 hectares du site des abattoirs de la Villette occupe une place singulière. Il existe, ailleurs dans le monde, de grands musées tels le Louvre ou Orsay, de grandes bibliothèques telle la BNF. Nulle part on ne trouve l’équivalent de la Villette, ce campus culturel ouvert sur la cité où se rassemblent toutes les formes de l’art et du savoir. En outre, ce chantier, contrairement aux autres, ne résulte pas d’un projet préconçu, (...)
Lire la suiteLorsque vous avez pris vos fonctions, dans quelle situation se trouvait la Grande Bibliothèque ?
François Stasse - La nouvelle Bibliothèque nationale a ouvert ses portes en deux étapes. D’abord, en 1996, elle a accueilli le grand public, celui qui accède librement aux livres mis à sa disposition. Puis, en 1998, elle s’est ouverte aux chercheurs, c’est-à-dire aux personnes accréditées pour accéder aux livres, manuscrits et autres documents dont la rareté ou la fragilité interdisent qu’ils soient en (...)
L’ouverture complète du site François-Mitterrand de la BNF en 1998 a été marquée par des difficultés dont la presse s’est, à l’époque, largement fait l’écho. Avec le recul, leurs causes ne semblent pas résider dans un défaut global de conception du site, mais plutôt dans le calendrier très tendu, la nouveauté des technologies employées et l’ambition - peut-être excessive - du système informatique.
Dix ans après, n’importe quel observateur de bonne foi peut constater que le site François-Mitterrand, né de la (...)
Interview de François Mitterrand, le vendredi 14 avril 1995, Bernard Pivot reçoit François Mitterrand dans son émission « Bouillon de culture » sur France 2. (Extraits)
(...) Dès le début de votre premier septennat, vous créez à l’Élysée un petit comité de quatre personnes chargé de réfléchir aux grands travaux et parmi eux, il y avait un de vos amis, l’écrivain Paul Guimard, et qui a dit, dès cette époque, qu’avec ces monuments, vous vouliez, je le cite, « griffer le temps ».
François Mitterrand - C’est (...)
Jean-Pierre Filiu, docteur en histoire, arabisant, de formation, diplomate, ancien conseiller de Pierre Joxe à l’Intérieur et à la Défense, puis de Lionel Jospin à Matignon, vient de publier un ouvrage qui fera date par la qualité de sa réflexion et la rigueur de son information. Le regard de Jean-Pierre Filiu, qui est celui d’un observateur scrupuleux doublé d’un témoin engagé, restitue, dans toute sa complexité, un fascinant portrait de « Mitterrand l’Oriental ».
Votre livre, paru un peu avant le (...)