Nous avons décidé dans ce numéro de La Lettre, de nous pencher sur un sujet peu étudié jusqu’ici dans nos colonnes et pourtant central : l’Etat, son rôle, sa réforme, pendant les deux septennats et les divers gouvernements de François Mitterrand.
La remarquable et très éclairante synthèse rétrospective de Jacques Fournier montre bien comment on est passé dans ces années de la classique réforme administrative, à la « réforme de l’état », et comment s’opposent depuis à ce sujet des conceptions de droite, (...)
Le thème de la « réforme de l’Etat » n’entre pas en tant que tel dans la problématique du gouvernement de la gauche en 1981. Il a bien été question dans les « 110 propositions » du candidat à la présidence de « contre-pouvoirs organisés » et d’un « Etat décentralisé » (propositions 55 à 59). Mais le président et la gauche qui le porte au pouvoir sont, dans ce domaine, aux antipodes de la vision néo-libérale qui a, depuis lors, fortement imprégné l’approche de la question.
Mitterrand et son gouvernement prennent (...)
Il est habituel de nommer « réforme de l’État » ce qui n’est en réalité que réforme administrative. L’auteur du Coup d’État permanent faisait, lui, la différence. On dira qu’il y a réforme de l’État lorsque sera, par exemple, supprimée l’élection du président de la République au suffrage universel, que l’Assemblée nationale sera élue au scrutin proportionnel, que le nombre des mandats parlementaires sera limité à deux dans le temps, etc. De réforme de l’État, il n’y en eut guère sous François Mitterrand – si l’on (...)
Lire la suiteLa plupart des personnes qui ont eu la chance de côtoyer François Mitterrand s’accordent en particulier sur une chose : si la personnalité de l’homme était d’une grande richesse intellectuelle et culturelle, elle était aussi complexe et contrastée. Ayant passé une dizaine d’années à ses côtés je ne peux que confirmer cette réalité qui a marqué, selon moi, certains de ses choix politiques.
Ainsi, lorsque l’on s’intéresse à la relation que François Mitterrand entretenait avec l’administration et plus (...)
La circulaire du 23 février 1989, signée par le Premier Ministre Michel Rocard (10 mai 1988/15 mai 1991), sur le renouveau du service public, a marqué une étape importante dans l’historique de la réflexion menée en France sur le service public et la réforme de l’Etat. Ce document dense et concret d’une quinzaine de pages définit quatre grandes orientations : une politique de relations du travail rénovée (gestion plus dynamique des personnels, développement du dialogue social) ; une politique de (...)
Lire la suiteC’est à partir de la décennie 90 que le concept de « réforme de l’Etat » vient relayer celui de réformes administratives dans le vocabulaire politique. Il s’inscrit dans le discours libéral qui va prévaloir désormais et il recouvre deux orientations : une redéfinition restrictive des missions de l’Etat ; une transformation en profondeur du système administratif. Il s’agit de passer de ce que l’on appelle l’Etat providence à un Etat qui soit seulement régulateur ou stratège. Il s’agit dans le même temps de (...)
Lire la suiteLa réforme de l’Etat est intrinsèquement liée aux évolutions économiques et sociales de notre pays, car elle permet notamment de mettre en pratique le principe d’adaptabilité du service public. Aussi, nombreux sont les gouvernements qui ont porté d’importants projets visant à réformer le fonctionnement et l’organisation de l’Etat. Ce fut notamment le cas de Léon Blum, qui avec ses « Lettres sur la réforme gouvernementale » a construit un pont durable entre l’action des socialistes et la réforme de l’Etat. (...)
Lire la suiteDans le cadre d’un voyage de journalistes, je me suis trouvé à Santiago au lendemain de la victoire de Salvador Allende, en septembre 1970, à l’élection présidentielle chilienne. J’ai pu ainsi assister aux énormes manifestations qui, chaque soir, emmenaient des foules joyeuses dans les grandes avenues de la capitale, reprenant inlassablement le chant de l’Unité Populaire « VINCEREMOS ».
Depuis mon arrivée, j’avais demandé une audience au nouveau président de la République. Il me reçoit le 19 novembre, (...)
Le mardi 11 septembre 1973, François Mitterrand était en meeting à Rennes lorsqu’il a appris la mort de Salvador Allende. Il a écrit à chaud cet article qui est paru le lendemain dans l’Unité. Claude Estier
MERCREDI 12 SEPTEMBRE J’ai appris la nouvelle hier soir à Rennes de la bouche des camarades qui m’attendaient sur l’aéroport de Saint-Jacques. J’arrivais de Lyon, où l’on ignorait encore le putsch des militaires chiliens. D’heure en heure, pendant la conférence de presse du B.r.e.i.s., ce Bureau (...)