Choses vues au fil de l’actualité politique, des rencontres et des conversations, au hasard des lieux où s’exerce le pouvoir politique. L’auteur de ce deuxième tome des « Carnets secrets de la Vème République », Michèle Cotta, nous fait revisiter des événements qui ont fait la une de nos journaux et nous entraine souvent dans leurs coulisses. En se tenant strictement à l’ordre chronologique, elle s’interdit de faire oeuvre d’historienne. Elle offre en revanche à ceux qui écrivent et écriront l’histoire de cette période un matériau de toute première importance. Elle observe, elle capture, elle croque.
Certaines scènes livrées brutes valent mieux que le plus maniéré ou le plus fouillé des portraits. Journaliste, elle se résigne à ne nous livrer que des fragments nécessairement incomplets. Elle ne reconstruit pas. Elle nous emmène simplement là où elle était. Elle évite la construction souvent artificielle et parfois rendue vaine avec le temps de l’éditorial.
Ce deuxième tome des «Cahiers secrets» de Michèle Cotta est vraiment plus captivant encore que le premier. Sans doute est-ce parce que notre mémoire concernant les événements et les personnages évoqués est plus fraîche. Peut-être aussi parce que ce tome s’ouvre sur une dramaturgie rare: le divorce entre Giscard et Chirac, l’Union de la gauche qui vacille, et, au sein du PS, Rocard qui se dresse avec l’appui de Pierre Mauroy contre François Mitterrand. Et comment ce dernier impose sa candidature au sein de son organisation à l’élection présidentielle et l’emporte.
Viennent ensuite les premiers pas de la gauche au pouvoir, ses élans, ses naïvetés et ses réussites. Cette période s’achève par la victoire de la droite aux législatives de 1985 et la première cohabitation avec Chirac à Matignon.
A la fin de juillet 1981, elle est nommée par le Premier ministre , avec l’accord de François Mitterrand, présidente de Radio France.
Force est de constater, qu’à partir de 1982, son point de vue est sensiblement modifiée. Sa position dans le monde politico-médiatique a en effet changé. Ce n’est plus la journaliste qui témoigne. Elle vient d’être nommée à la présidence de la toute nouvelle Haute Autorité de la communication audiovisuelle. Qu’elle s’en défende ou non, au cours de cette période, son statut n’est plus tout à fait le même.
«Trop à droite pour la gauche, trop à gauche pour la droite.» Elle n’est plus, au sens strict, en position d’observatrice. Elle est alors à la tête d’un organisme qui participe à la bonne marche de notre vie publique. Non que cela altère son jugement et retienne sa plume mais le témoignage est d’une autre nature. D’éclaragiste, elle est devenue actrice. Elle est passé «de l’autre côté du miroir». Arrive l’année 1986, la victoire de la droite et la première cohabitation. Michèle Cotta quitte alors la présidence de la Haute Autorité. Elle nous fait part à la fin de ce deuxième tome de son propre désarroi, de ses états d’âme: « Je suis trop journaliste pour accepter le langage des politiques. »