Nul part, sauf en France au cours des onze derniers siècles, la littérature n’aura eu autant d’importance. Cette étrange passion nationale, l’auteur de cet ouvrage, Pierre Lepape, nous invite à la redécouvrir tout au long d’un voyage en quarante quatre étapes. « Comme la France, la littérature se vit à la fois comme essence et comme existence. »
Création privée, elle devient aussi très vite affaire d’état. Elle a ses prêtres et ses gendarmes, ses insurgés et ses contrebandiers qui se croisent, s’interpellent et parfois échangent leurs rôles. Jubilations, narcissisme, héroïsmes, masochisme de la langue ou avec la langue. Qu’on tente d’égratigner l’orthographe et le Parlement entre dans un débat de guerre civile. Le Panthéon ou la prison, l’exil ou les manettes du pouvoir. La géographie et les classes sociales tour à tour convoquées et répudiées. Les couleurs ou la grisaille, bien au-delà des effets de mode.
L’auteur n’en fait pas une théorie. Il préfère nous donner à voir, solliciter notre esprit critique, raviver nos émerveillements. Pendant que notre imaginaire assigne à notre langue des « frontières naturelles », nos petits dieux lares se frayent un passage vers l’universel.
Ruteboeuf, La Boétie, La Fontaine, Fénelon, Malherbe, Balzac, Zola et beaucoup d’autres jusqu’à Jean-Paul Sartre. Il en manque, bien sûr, mais Pierre Lepape ne prétend pas livrer une thèse ni un manuel de littérature. Erudit sans pesanteur, il se livre au plaisir de raconter des histoires.