Pour cette 8e édition le jury de l’Institut François Mitterrand – M. Serge Berstein (président du jury), MM. Éric Bussière, Frédéric Bozo, Jean Musitelli et Madame la ministre Dominique Bertinotti – réunis le 16 juin 2015, ont décidé d’attribuer le prix d’encouragement à M. Arthur Delaporte pour son mémoire intitulé :
Dans la grisaille. Le voyage de François Mitterrand à Sofia et la diplomatie d’influence française en Bulgarie du milieu des années 1980 à 1991.
Vous êtes le lauréat du prix de l’IFM. Une belle surprise ?
Une très belle surprise : je n’aurais jamais osé candidater au prix de l’Institut François Mitterrand sans la confiance et l’insistance de ma directrice de mémoire, Laurence Badel, professeure en histoire des relations internationales à Paris I. Être ainsi récompensé est donc un grand honneur, au regard des qualités éminentes du jury mais aussi des travaux primés les années passées qui témoignent du degré d’exigence de ce prix. J’espère en être digne.
Sur quoi portent vos recherches ?
C’est un intérêt profond pour l’histoire des septennats de François Mitterrand, et notamment de sa politique étrangère, qui m’a amené à m’intéresser à l’étude de la fin de la guerre froide. François Mitterrand se lance, à partir de la fin de l’année 1988, dans une série de voyages en Europe de l’Est. Il se rend dans les régimes qui n’étaient pas réputés pour leur ouverture — la Tchécoslovaquie, la Bulgarie et la Pologne — ce qui a été critiqué. Les raisons qui l’ont conduit à entreprendre cette série de déplacements n’étaient pas toujours très évidentes. Leurs conditions d’élaboration restaient encore à étudier.
J’ai donc choisi de consacrer mon mémoire de master 1 à l’étude d’un de ces trois voyages, celui de François Mitterrand en Bulgarie en janvier 1989. Méconnu en France, il reste l’un des marqueurs de la relation bilatérale entre les deux pays. Il est intervenu moins d’un an avant la chute du régime communiste en place, celui de Todor Jivkov. Ce qui reste dans les mémoires est le déjeuner avec les dissidents, dont l’un, Jeliou Jelev, devient le premier président non communiste. François Mitterrand, en les recevant et en se rendant à la rencontre des étudiants à l’Université, a encouragé les désirs de liberté.
Cette étude, qui s’inscrit dans le cadre plus large des recherches en histoire des relations internationales sur la fin de la guerre froide, m’a donné l’occasion d’analyser le cadre spécifique des relations diplomatiques franco-bulgares, et leur inscription dans la politique française à l’Est, en m’appuyant donc sur le déplacement de François Mitterrand. J’ai notamment tenté de déterminer les motivations, supposées et réelles, qui ont conduit à ce qu’il ait lieu.
Quelles sources et archives avez-vous utilisé ?
Ce qui m’a incité à m’engager dans ces recherches était une petite brochure éditée par l’Institut François Mitterrand regroupant les récits, vingt ans plus tard, d’acteurs de ce moment. Ce fut mon point de départ. Il fallait ensuite dépasser le récit de témoignage pour entrer dans l’histoire.
Outre les archives de presse et les vidéos de journaux télévisés consultables à l’Institut François Mitterrand et qui ont pu apporter des compléments utiles pour varier les angles d’analyse, l’essentiel de mes recherches s’est appuyé sur les archives de la présidence de la République aux Archives nationales et sur les archives du ministère des Affaires étrangères. A la Courneuve, la période d’archivage commence en 1986 et se clôt en 1990. J’ai donc eu un aperçu du début de la transition post-communiste mais je n’ai pas pu matériellement aller plus loin, ce qui m’aurait notamment permis d’étudier le second voyage de François Mitterrand à Sofia commémorant son premier passage en 1994, cinq ans plus tard.
Mon principal regret est de n’avoir pas eu le temps de solliciter et rencontrer les témoins de l’époque mais le temps resserré du master 1 et un séjour Erasmus au second semestre ne m’en ont pas laissé l’occasion. Ce n’est que partie remise !
Vous pourrez lire prochainement dans La Lettre de l’IFM et sur notre site les articles de Arthur Delaporte et d’autres participants au 8e Prix de l’Institut François Mitterrand