Le 21 mai 1981, François Mitterrand entre au Palais de l’Élysée. L’événement, s’il est d’abord franco-français, n’en conserve pas moins une portée internationale considérable.
À l’intérieur de la Communauté européenne, chacun s’interroge : nos partenaires – Grande-Bretagne et Allemagne fédérale en tête – se demandent ce que sera la nouvelle politique du gouvernement socialiste ; quant à la Commission européenne, par la voix de Gaston Thorn son Président, elle s’inquiète ouvertement d’un recul de l’intégration européenne.
Une Europe socialiste ?
C’était évidemment négliger l’engagement européen plusieurs fois renouvelé des Socialistes français et de François Mitterrand lui-même. Le Programme commun, le Projet socialiste pour la France des années 80, les 110 propositions, ne laissaient aucun doute à ce sujet. D’autre part, la nomination au gouvernement de personnalités connues pour leurs sentiments européens – Jacques Delors aux Finances, Claude Cheysson aux Relations extérieures, André Chandernagor aux Affaires européennes, pour ne citer que ceux là, sans oublier Pierre Mauroy – aurait dû suffire à attester que l’engagement européen de la France ne serait pas remis en cause. D’où provenait dans ces conditions l’inquiétude de nos partenaires ? Premièrement de la présence de ministres communistes au gouvernement. L’hostilité du PCF à l’égard de Bruxelles était connue. Beaucoup se demandaient s’ils ne pèseraient pas trop lourdement sur les choix de la nouvelle équipe. De ce point de vue, le Président de la République sut très vite rassurer ses partenaires : c’est à l’Élysée et non place du Colonel Fabien que se déciderait la politique du pays. Deuxième sujet de préoccupation, les orientations de politiques économiques et sociales annoncées par les nouveaux ministres. Nous y reviendrons. Troisième inquiétude, le positionnement particulier des Socialistes français à l’égard de la construction européenne. En effet, si ces derniers manifestaient leur attachement à l’idée d’Europe, ils n’avaient pas hésité, tout au long des années soixantedix, à dénoncer un marché commun jugé trop libéral. François Mitterrand lui-même, dans son livre programme publié à l’automne 1980, s’était montré très critique à l’égard d’une Europe qui manquait à ses yeux d’ambitions dans sa politique comme dans sa géo graphie. En d’autres termes, si les Socialistes français étaient d’accord avec l’objectif, ils rêvaient d’une autre cible ! Dans leurs textes programmatiques, ceci se traduisait par une volonté affichée de transformer radicalement la Communauté européenne : certains annonçaient leur intention de communautariser le programme commun. Une telle orientation, nécessairement porteuse d’affrontement à Bruxelles, ne pouvait qu’inquiéter nos partenaires.
Dès le mois de juin 1981, François Mitterrand s’engage d’ailleurs dans cette voie. À Luxembourg, lors de son premier Conseil, il lance l’idée d’un Espace social européen. Aménagement du temps de travail à l’échelle des Dix, planification européenne autour de grands travaux, politique industrielle européenne audacieuse, dialogue social, etc., sont autant de propositions qu’englobe cette formule et que l’on trouve développées, quelques mois plus tard, dans le mémorandum que la France adresse à ses partenaires. Généreux, ambitieux, ce plan va néanmoins se heurter à la frilosité – pour ne pas dire à l’hostilité – de la plupart des autres partenaires. On est loin, à cette époque, de l’Europe rose ! La révolution conservatrice est à l’oeuvre et ni Margaret Thatcher à Londres – qui mène une politique diamétralement opposée – ni Helmut Schmidt à Bonn – échaudé par les tentatives de relance concertée de 1978 et par l’importance de son déficit budgétaire – ne sont prêts à s’engager dans cette voie. Surtout, les partenaires européens de la France ont devant eux un calendrier tout autre que celui proposé par les Français. À cette époque, en effet, l’Europe est confrontée à l’une de ses crises les plus graves. C’est cette crise, et non les desiderata français, qui mobilisent l’attention des chancelleries.
Europe en crise…
La crise européenne est double. Il s’agit, d’abord, d’une crise des sociétés d’Europe occidentale ellemême. Au cours des années soixante-dix, les États membres sortent en effet progressivement du miracle économique des années cinquante et soixante. Le dynamisme économique d’après-guerre s’essouffle alors que se profile la révolution numérique des années quatre-vingt à laquelle l’industrie européenne est mal préparée. C’est aussi le temps des lourdes restructurations industrielles si dramatiques en termes sociaux. La Communauté européenne aurait dû mieux accompagner ces mouvements. Mais certains effets conjoncturels l’ont empêché : la disparition du système de Bretton Woods, le renchérissement des matières premières – et singulièrement les deux chocs pétroliers -, l’alourdissement des coûts de productions, une chute brutale de la demande internationale, la hausse des prix, ont exacerbé la concurrence entre les économies et, finalement, entre les nations industrialisées, ruinant les efforts de solidarités. Le vieux continent se préparait à affronter la troisième industrialisation en ordre dispersé ; situation que François Mitterrand a dénoncé dès son arrivée à l’Élysée :
« Inflation, chômage, baisse de l’investissement, déficit des échanges extérieurs : voilà ce qui constitue la toile de fond sur laquelle nos pays doivent rechercher une solution communautaire aux problèmes actuels. Or, s’aggrave aussi la tentation du repli sur soi. Il faut y résister car, vous le savez bien, ce n’est qu’ensemble que nous pourrons sortir de la crise, préparer le moment où l’ordre international économique reposera sur des données nouvelles et sur des principes équitables. »
Cette tentation du repli sur soi, cette concurrence entre États membres, le gouvernement socialiste allait lui-même les ressentir. Alors que les mesures sociales mises en place par la gauche entraînaient une relance de la consommation de type keynésienne, le dynamisme économique qui en résultait profitait autant, sinon plus, aux entreprises allemandes, grevant d’autant les comptes extérieurs. La France socialiste payait ainsi le prix d’une politique à contre cycle de ses partenaires, le tout aggravé par la hausse continuelle du dollar et la dépréciation de la monnaie française. Seul un plan concerté à l’échelle européenne – sinon mondiale – aurait peut-être pu atténuer cette situation. C’était en quelque sorte l’objet du projet d’Espace social européen : créer une solidarité nouvelle face à la crise. Mais la France ne fut pas suivie.
… crise de l’Europe.
À l’été 1981, la Communauté européenne traversait l’une de ses phases noires. En dehors de quelques avancées majeures – instauration du Conseil européen, élection du Parlement au suffrage universel, renforcement de la coopération politique européenne et création du SME -, le grand projet d’Union européenne rédigé au début des années soixante-dix restait lettre morte. Non seulement la Communauté européenne semblait incapable de relever les défis qui se présentaient à elle et que nous venons de rappeler, mais Bruxelles semblait comme inerte à résoudre ses propres problèmes : le budget communautaire était proche de la banqueroute, la politique agricole commune déversait sur les marchés des rivières de laits et des montagnes de beurre sans que personne ne sache ce qu’il fallait en faire, aucune réponse précise n’était donnée aux jeunes démocraties espagnole et portugaise qui demandaient à rejoindre la famille européenne, les réformes pourtant nécessaires des fonds social et régional étaient sans cesse différées. Bref, on était dans l’ornière, chacun s’arc-boutant sur ses intérêts particuliers. La France ne dérogeait pas à la règle qui cherchait à préserver le revenu de ses agriculteurs et l’équilibre de son budget à l’égard de la CEE. Avant d’espérer faire progresser l’Europe, il fallait donc solder les contentieux entre États membres : telle était la tâche à laquelle François Mitterrand allait devoir s’atteler.
Une tâche rendue d’autant plus difficile qu’à cette même époque la Grande-Bretagne thatchérienne venait de lancer une terrible offensive contre Bruxelles. La Dame de fer s’attaquait en effet à deux des principaux piliers de la Communauté : le système de financement de la CEE ; la politique agricole commune. Attaque que résume à merveille le slogan qu’elle lança à la figure de ses partenaires au cours d’un Conseil européen : I want my money back ! Le « problème britannique » venait de naître. Non sans quelques raisons, le Premier ministre britannique estimait en effet que son pays contribuait trop au budget de la Communauté alors qu’en retour les politiques communes lui profitaient moins. Il s’en suivit une bataille de chiffres et de textes réglementaires, de compromis et de contre-propositions qui dura près de trois ans. Bref, une longue bataille d’experts qui devait littéralement paralyser les négociations entre les Dix pendant les premières années du septennat de François Mitterrand. Le problème britannique n’était certes pas la seule difficulté – chacun des Dix défendant âprement le dossier qui lui était cher – mais faisant de son « chèque » un préalable à la conclusion des négociations, les demandes de Margaret Thatcher apparaissaient pour beaucoup comme le véritable point d’achoppement de la construction européenne.
Comment trouver avec Londres un compromis acceptable sans sacrifier la nécessaire solidarité financière de l’Europe et tout en relançant le mouvement de l’intégration européenne ? Telle était l’équation politique à résoudre. Comme souvent dans l’histoire de la Communauté, la France ne put réussir qu’en introduisant la variable allemande.
L’Allemagne, une fois encore
Si l’élection de Valéry Giscard d’Estaing avait brisé l’axe Paris-Bonn, le couple franco-allemand ne tarda pas à se reconstituer. Ceci n’allait pas de soi. François Mitterrand et Helmut Schmidt, on le sait, ne s’appréciaient guère : l’un et l’autre s’étaient durement opposés au sein de l’Internationale socialiste. Leurs styles différaient. Pourtant, dès le lendemain du 21 mai, le Chancelier allemand était reçu à l’Élysée. Dès cette première rencontre s’est nouée une alliance politique qui ne se démentira plus entre le Président et le Chancelier : sur les marches du Palais de l’Élysée, François Mitterrand n’hésitait pas, contrairement à son prédécesseur, à apporter son soutien à la doubledécision de l’OTAN. Si les négociations n’aboutissaient pas, expliquait le Président de la République, des missiles américains devraient être déployés face aux SS-20 soviétiques. De telles déclarations, qui furent renouvelées, étaient une véritable aubaine pour Helmut Schmidt mis en difficulté dans son propre pays – et dans son propre parti – sur cette question. Lorsqu’à l’automne 1982, Helmut Kohl fut nommé à la Chancellerie, l’accord politique entre les deux pays se perpétua sur cette même base. Il fut même confirmé avec éclat au Bundestag, lors du célèbre discours prononcé par François Mitterrand à l’occasion du 20e anniversaire du Traité de l’Élysée.
On oublie d’ailleurs trop souvent de rappeler que ce discours comporte une dernière partie entièrement consacrée à la Communauté européenne. François Mitterrand y développe une vision généreuse et volontariste de l’Europe que l’on retrouvera par la suite. C’est véritablement à partir de cette date que le rapprochement franco-allemand s’effectue sur les questions communautaires. Non pas que les divergences aient disparu. Au contraire, sur d’importants dossiers – montants compensatoires, maîtrise du budget, politique industrielle, fonds structurels, institutions, etc. -, les deux délégations conservent des approches très différentes. Mais, peut-être plus qu’avant, priorité est donnée à des solutions à deux avant de s’engager à Bruxelles. Bien entendu, le choix fait par François Mitterrand, en mars 1983, de respecter les contraintes du système monétaire européen ne pouvait que confirmer ce rapprochement. Le Président explique d’ailleurs très simplement sa décision par ces mots : « nous n’avons pas voulu et nous ne voulons pas isoler la France de la Communauté Européenne dont nous sommes partie prenante, la séparer du mouvement qui porte cette Europe à devenir enfin l’un des grands partenaires du monde. »
La tactique de la présidence française
Le tandem Mitterrand-Kohl naissant – et sa formidable force d’entraînement politique – ne sera toutefois pas assez fort pour emporter la décision à l’automne 1983 : Margaret Thatcher est de plus en plus dure, quant à la présidence grecque qui cherche à sauvegarder les intérêts des pays d’Europe du sud, elle ne parvient pas à imposer un compromis acceptable. Le Conseil européen d’Athènes devait donc se solder par un terrible échec. Il faudra donc attendre la présidence française de 1984 pour que, véritablement, la Communauté sorte de l’ornière.
François Mitterrand se saisit alors personnellement et directement du dossier européen. Immédiatement après l’échec d’Athènes, il fait venir l’un de ses proches au ministère des Affaires européennes – Roland Dumas. Puis, dès le mois de février 1984, il entame une vaste tournée des capitales européennes. Chaque chef de gouvernement a droit à sa séance de « confessionnal. » Le Président français écoute, note les doléances et enregistre les points d’accord. Il se livre, comme il le déclare alors, à un « tour d’horizon » dans le but d’obtenir « une photographie aussi précise que possible » de ce que veulent les uns et les autres. « J’ignore – précise-t-il – ce que seront les positions finales. Mais tout cela fait partie du grain à moudre que je rapporte dans mon sac de voyageur, et que je verse dans le fonds commun du grain non moulu. On ne sait pas trop encore quelle farine cela donnera. »
Toutefois, malgré les efforts déployés par le Président, le Conseil européen de Bruxelles de mars 1984 sera un demi-échec. Certes, la présidence française aura réussi à imposer un compromis d’ensemble sur la plupart des dossiers : agriculture, industrie et recherche, fonds structurels, élargissement, etc., ce sont en tout dix-sept points litigieux qui ont été réglés à Bruxelles. Malheureusement – et c’est là toute la logique d’une négociation en « paquet » -, Margaret Thatcher s’est obstinée une fois de plus. On serait tenté de dire : une fois de trop. Au dernier moment, elle a refusé le « chèque » que ses Neuf partenaires étaient prêts à lui proposer ! Dans la mesure où le compromis français reposait sur un accord à Dix et non à Neuf, les Chefs d’état et de gouvernements se séparaient donc sur un constat d’échec.
C’est dans ces conditions que s’ouvrait la préparation du Sommet européen de Fontainebleau. Toute la question était de savoir si la France allait renoncer au compromis de Bruxelles patiemment tissé, si la Communauté céderait devant la Dame de fer. En réalité, François Mitterrand fera le contraire. Au lieu de défaire ce qui avait été fait, il décide de ne modifier en rien le texte final de Bruxelles. Au contraire, il insiste dans toutes ses déclarations sur l’accord intervenu à Neuf et sur le fait qu’un seul point de la négociation reste en suspens : le chèque britannique. Parallèlement, et alors que la campagne pour les élections européennes de juin 1984 s’engage, il multiplie les déclarations sur l’avenir de l’Europe. Relancer l’intégration communautaire, développer de nouvelles politique communes, créer une véritable citoyenneté européenne, sont autant de thèmes qu’il aborde dans ses interventions publiques, notamment dans son discours devant le Parlement de Strasbourg, le 24 mai 1984. Là François Mitterrand envisage d’ailleurs la tenue d’une nouvelle réunion de Messine pour donner un nouvel élan à la construction européenne et se déclare personnellement favorable au projet Spinelli que les députés européens venaient d’adopter. La tactique était claire : flanqué d’un Helmut Kohl tout aussi déterminé, il s’agissait de se tourner résolument vers l’avenir et, ainsi, de faire apparaître le Premier ministre britannique comme responsable d’un éventuel échec à Fontainebleau. Au fond, le message que François Mitterrand adressait à ses partenaires était simple : allons-nous continuer à ferrailler sur des dossiers techniques ou sommes nous prêts à relever les défis à venir ? Stérile, peu porteuse d’espoir, la position de Margaret Thatcher ne tardait pas à s’effriter. Certaines voix commençaient à dénoncer son attitude, y compris au sein du parti conservateur.
La relance de Fontainebleau
Les 25 et 26 juin 1984, s’ouvre à Fontainebleau le second sommet de la Présidence française de la Communauté. Aucun commentateur ne se risque alors à un pronostic sur son résultat. Sur les marches de l’escalier qui la conduisent à la salle de conférence, Margaret Thatcher déclare d’ailleurs qu’elle est d’une « humeur batailleuse » ; au soir du premier jour, les négociations sont au point mort. Les débats reprennent le lendemain matin par le traditionnel petit-déjeuner franco-allemand. Là, Helmut Kohl et François Mitterrand vérifient leur solidarité, elle se traduit d’ailleurs par un geste de la Présidence en faveur de l’Allemagne : en échange du démantèlement de certains montants compensatoires, l’Allemagne pourra octroyer une aide fiscale à ses agriculteurs.
La séance plénière reprend vers dix heures dans une lourde atmosphère. Nouvelle bataille de chiffres. Le Premier ministre britannique veut beaucoup plus que les 65 % de rabais qu’on lui propose et, surtout, sur un montant plus élevé. Elle réclame alors une suspension de séance pour s’entretenir avec Helmut Kohl. Mais celui-ci ne lâche rien. Il indique que la proposition faite par la présidence – c’est-à-dire par François Mitterrand – est à prendre ou à laisser. De retour à son siège, le Chancelier adresse un signe au Président français. Ce dernier se tourne alors avec Margaret Thatcher, en face de lui, à l’autre bout de la grande table du Conseil : « Madame, c’est notre dernière offre. Quelle est votre décision » ? La Dame de fer hésite. Finalement, elle demande… 66 %. Le Président français se tourne alors vers ses partenaires, obtient leur accord d’un signe de tête. François Mitterrand déclare alors : « nous cédons aux charmes britanniques. »
La tactique française a donc porté ses fruits. À l’issue du Conseil européen de Fontainebleau, lors de la conférence de presse, le Président ne cache pas sa satisfaction :
« Le paquet, le fameux paquet dont on avait commencé à parler à Stuttgart, est désormais entièrement dénoué, et tous les objets, toutes les parties comprises dans ce paquet sont désormais acquises. Il n’est pas une seule des questions ébauchées à Stuttgart, étudiées à Athènes, débloquées pour partie à Bruxelles, qui reste aujourd’hui à discuter. Tout a été décidé, sur tous les points. »
Il faut se rendre compte de l’importance de ces décisions : un compromis a été trouvé avec la Grande- Bretagne ; les Dix ont donné les moyens à la Commu nauté de se financer à l’avenir ; la réforme de la PAC et la rénovation de certains fonds structurels sont acquises ; le programme de recherche européenne Esprit est confirmé ; une date butoir est donnée pour que s’achèvent les négociations avec l’Espagne et le Portugal.
Mais l’essentiel est peut-être ailleurs : en refermant l’ensemble des contentieux qui empoisonnaient la vie de la Communauté, les Dix pouvaient désormais se tourner vers l’avenir. Là encore, Fontainebleau ouvrait la voie. Les conclusions prévoyaient en effet la réunion des représentants des chefs d’état et de gouvernements en comités spécialisés chargés de réfléchir à l’avenir institutionnel de l’Europe, aux nouvelles politiques à mettre en oeuvre et à la définition d’une citoyenneté européenne. Autant de travaux qui allaient ouvrir le chemin vers l’Acte unique et finalement au Traité de Maastricht lui-même. Gaston Thorn, le Président de la Commission, résume cela à merveille :
« Je voudrais associer la Commission et dire que ce qui était essentiel c’est que nous remettions l’Europe en marche. Le Président de la République l’a souligné : avant de relancer, avant de s’engager dans une nouvelle politique, il fallait garantir la cohésion nécessaire et donc déblayer le terrain de ces problèmes qui nous ont beaucoup, disons-le franchement, empoisonnés et qui nous ont bloqués pendant trop longtemps. Eh bien ! je suis heureux que, grâce à la Présidence française, en tête grâce au Président de la République, à M. le Ministre Cheysson, à M. Dumas et à tous leurs collaborateurs, pendant ces six mois, on a travaillé d’arrache-pied, on y est parvenu peut-être un plus peu tard au cours de la journée qu’on avait espéré ou souhaité, mais c’est chose faite » !
Rappelons enfin qu’à Fontainebleau, au cours des discussions de couloir, les Dix s’étaient entendus sur les initiales du prochain président de la Commission. Ce serait JD ! Le triangle Delors-Mitterrand-Kohl était en place : il allait produire la relance de l’Europe que l’on sait.