Maître de conférences en histoire contemporaine
Sciences Po Bordeaux
Analysant les réactions étrangères, essentiellement anglo-saxonnes, à l’élection présidentielle du 10 mai 1981, Robert Frank parle d’un « effet Mitterrand »[1], qu’il définit comme un « état de grâce », avant tout médiatique, et un effet de surprise globalement positif, qui n’empêche pas malgré tout l’existence d’un certain désarroi du côté des gouvernements. Même si l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République ne constitue pas un « événement-monde » au même titre que le 11 septembre 1973, ou plus tard, le 11 septembre 2001[2], elle a eu un important écho en Europe et a été abondamment commentée par la presse, les gouvernements et dans les chancelleries. Quel a été, plus précisément, l’impact en Espagne du scrutin du 10 mai 1981 ? Comment l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, puis de la gauche socialiste – première alternance forte sous la Ve République – a-t-elle été perçue au-delà des Pyrénées ? Peut-on comparer les réactions espagnoles aux réactions anglo-saxonnes ? Autrement dit, y a-t-il eu un effet de surprise, un trouble ou bien au contraire une euphorie, un effet de contagion, une couverture médiatique importante ou bien une certaine indifférence, comme dans le cas russe ? Il s’agit donc ici de compléter l’étude de cet « effet Mitterrand » en envisageant non seulement les réactions espagnoles au scrutin présidentiel du 10 mai 1981, mais plus globalement à l’alternance de 1981. L’analyse implique ainsi une ouverture chronologique plus large et une réflexion sur le changement politique que constitue l’arrivée au pouvoir des socialistes en France.
Commentant les réactions des États-Unis, de l’URSS, de la RFA et de la Grande Bretagne, Jacques Attali note dans son Verbatim à la date du 13 mai : « Les réactions à l’étranger ne sont pas enthousiastes »[3]. Bien plus tard, dans son ouvrage De l’Allemagne, de la France, François Mitterrand consacre 31 pages aux réactions internationales suite à son élection à la présidence de la République. S’il confirme, dans un premier temps, l’impression de Jacques Attali – « peu d’élections importantes en France auront suscité autant de désappointement et de froideur dans les chancelleries que celle du 10 mai 1981 qui vit mon propre succès », écrit l’ancien président socialiste –, il ajoute ensuite : « D’Espagne me vinrent, aussi bien de la part du Roi, du gouvernement et de l’opposition, alors dirigée par Felipe González, des témoignages d’amitié et d’encouragement. Il est vrai qu’en refusant leur entrée dans le Marché commun M. Giscard d’Estaing avait réussi à rassembler les Espagnols dans une condamnation unanime de la France »[4]. La réalité mérite toutefois d’être plus nuancée. Nous défendons, en effet, l’idée que, passé l’effet de surprise et les encouragements, les réactions espagnoles au 10 mai 1981 ont mêlé expectative et méfiance.
Un contexte de méfiance et de tensions franco-espagnoles
L’alternance est perçue en Espagne à travers deux grands prismes : tout d’abord, celui de la politique intérieure, ensuite celui des relations bilatérales. La victoire de François Mitterrand le 10 mai 1981 peut-elle préfigurer la situation politique en Espagne et servir de modèle pour la gauche espagnole ? L’alternance de 1981 rend-elle plausible l’idée d’une alternance en Espagne ? Le gouvernement démocrate-chrétien de l’UCD doit-il craindre à son tour une vague rose ? Quelles conséquences aura l’arrivée au pouvoir du nouveau président français sur les relations franco-espagnoles ? C’est d’abord à l’aune de ces questions que l’élection de François Mitterrand est jugée à Madrid.
En mai 1981, l’Espagne a achevé sa transition démocratique après 39 années de dictature franquiste. Le PSOE et le PCE sont sortis de la clandestinité ; les premières élections libres depuis 1939 ont été organisées en 1977 ; l’Espagne s’est dotée d’une constitution démocratique qui en fait une monarchie parlementaire. Mais la situation intérieure reste instable. L’UCD, le parti démocrate-chrétien au pouvoir depuis 1977, est en pleine crise. Critiqué par plusieurs éléments au sein de sa propre majorité, le président du gouvernement Adolfo Suarez a dû démissionner et il a été remplacé par Leopoldo Calvo-Sotelo, un homme politique modéré mais peu soutenu. Le 23 février 1981, lors du vote d’investiture de ce dernier au Congrès des députés, une tentative de coup d’État a lieu de la part de militaires réactionnaires et nostalgiques du franquisme. Le putsch échoue, mais illustre les fragilités de la démocratie espagnole. Les difficultés de la vie politique intérieure sont aggravées par une violence politique omniprésente, entretenue par le terrorisme de l’ETA et des groupes d’extrême-droite.
Par ailleurs, le relatif consensus politique qui a présidé pendant les années de transition démocratique espagnole a pris fin au cours des années 1979-1980. La politique économique et la politique étrangère des gouvernements démocrates-chrétiens sont de plus en plus critiquées par une opposition socialiste sortie renforcée lors des dernières élections de 1979. Le PSOE apparaît comme une alternative politique de plus en plus crédible à l’UCD, et Felipe Gonzalez malgré sa jeunesse comme un potentiel futur président de gouvernement. Dans ces conditions, la perspective d’un changement politique en France rend crédible l’idée d’une alternance en Espagne, sans pour autant être une aubaine pour la gauche espagnole, les élections se jouant essentiellement en fonction de considérations de politique intérieure. Aux yeux d’une partie de l’opinion publique espagnole, l’élection de François Mitterrand renforcerait, par un effet de contagion, l’espoir d’une victoire électorale du PSOE dont la côte de popularité a considérablement augmenté au début des années 1980. Pour d’autres, en revanche, notamment une partie des militaires, anciens franquistes et milieux d’extrême-droite, elle représenterait le danger de voir un jour la gauche revenir au pouvoir en Espagne, avec la menace de reproduire la situation vécue pendant les années Trente et d’entraîner une nouvelle guerre civile[5].
À l’heure du scrutin présidentiel français, les relations politiques entre Paris et Madrid sont au plus bas après « quatre années de tensions »[6]. Les dirigeants espagnols reprochent aux Français leur propension à vouloir parrainer leur jeune démocratie, tandis que le gouvernement français se montre réticent à l’égard du personnel politique issu du sérail franquiste. Pour certains journalistes, le président Giscard d’Estaing considère Adolfo Suárez comme un « parvenu de troisième catégorie, formé dans la chaleur de la dictature franquiste »[7]. Les réformes démocratiques menées par le gouvernement Suárez n’ont pas permis de changer cette impression. Le voyage du président Giscard d’Estaing en novembre 1978, censé créer un climat plus favorable entre les deux pays, a laissé un souvenir amer aux Espagnols. Ministre des Relations avec les Communautés européennes à cette époque, Leopoldo Calvo-Sotelo dénonce l’attitude arrogante et dédaigneuse des autorités françaises, allant jusqu’à parler d’un « syndrome Louis XIV »[8].
S’ajoute à cela la question de l’élargissement de la Communauté économique européenne (CEE) aux pays ibériques. Souhaitée par l’ensemble de la classe politique espagnole, y compris les communistes, l’adhésion à la CEE est perçue à Madrid comme la solution à de nombreux problèmes politiques, économiques et diplomatiques. Les négociations démarrent lentement en février 1979 et sont placées sous le signe des difficultés, notamment agricoles[9]. Or, les autorités françaises craignent la concurrence des productions agricoles espagnoles dans un Marché commun élargi aux pays d’Europe du Sud. La France va jusqu’à imposer une pause dans les négociations. Lors d’une allocution prononcée devant l’assemblée permanente des Chambres d’agriculture le 5 juin 1980, le président Giscard d’Estaing affirme qu’il n’est pas « possible de cumuler les problèmes et les incertitudes liés à la prolongation du premier élargissement et ceux que poseraient de nouvelles adhésions » et que, dans ces conditions, « il convient que la Communauté s’attache par priorité à parachever le premier élargissement, avant d’être en état d’en entreprendre un deuxième »[10]. Les paroles de Giscard d’Estaing sont interprétées comme une brusque volonté de suspendre les négociations en cours avec l’Espagne. La presse madrilène se déchaîne, parlant de « pausa » (« pause ») ou de « parón » (« coup d’arrêt »). Le journal Ya, de tendance catholique et conservatrice, titre : « La France essaie de bloquer l’entrée de l’Espagne dans la CEE »[11]. D’autres quotidiens ou hebdomadaires dénoncent un « giscardazo » (« coup de Giscard »), expression reprise par les négociateurs espagnols eux-mêmes dans leur correspondance diplomatique[12].
Pour la plupart des dirigeants espagnols, la prise de position du président français s’apparente à un « demi-veto »[13] et obéit à une stratégie électorale destinée soigner un électorat rural et agricole sensible à la question de l’entrée de l’Espagne dans le Marché commun et à la modification des mécanismes de la PAC, un an à peine avant la prochaine échéance électorale[14]. Ce « demi-veto » français entraîne un blocage des négociations d’adhésion de l’Espagne dans les domaines sensibles de l’agriculture, de la pêche, des affaires sociales et des ressources propres. S’ensuit une incontestable méfiance, voire une hostilité à l’égard du président français accusé d’adopter un double langage vis-à-vis de l’Espagne. Tout cela contribue à une dégradation des relations franco-espagnoles et à une détérioration de l’image de la France au sein de l’opinion publique espagnole[15].
D’autre part, la question du terrorisme de l’ETA constitue un autre point de tension entre les deux gouvernements. Le sud de la France est devenu un refuge pour les terroristes basques. Les dirigeants espagnols reprochent aux Français leur inaction face aux opérations terroristes lancées depuis leur territoire. Malgré plusieurs demandes d’extradition formulées par les autorités espagnoles, le gouvernement français semble rechigner estimant non seulement que le problème du terrorisme basque ne le concerne pas, mais aussi que l’Espagne ne fournit pas de garanties judiciaires suffisantes[16].
Au lendemain de l’élection de François Mitterrand, l’ambassadeur de France à Madrid écrit à juste titre : « Pour l’immense majorité de la classe politique et de la presse, la France représentait le seul pays d’Europe qui « avait dit non » à l’entrée de l’Espagne dans l’Europe et le seul aussi qui avait laissé son territoire devenir « le sanctuaire » du terrorisme basque. Tout changement pouvant intervenir à la direction politique de la France était donc souhaité. Malgré leurs divergences idéologiques, leurs conflits ou leurs querelles, les partis politiques espagnols étaient à peu près unanimes sur ce point. »[17]
Effet de surprise, espoirs et « état de grâce » médiatique
S’agissant des réactions officielles et gouvernementales, la victoire du candidat socialiste en France en mai 1981 constitue une surprise pour les Espagnols. Elle est aussi perçue comme une chance et un espoir de pouvoir faire évoluer les contentieux bilatéraux. Le roi Juan Carlos est l’un des premiers à féliciter François Mitterrand au cours d’un entretien téléphonique « chaleureux »[18]. D’après Jacques Attali, « le Roi d’Espagne dit au Président : « j’espère que vous, vous n’avez pas de conseils à me donner ! », faisant allusion aux innombrables recommandations, inutilement paternalistes, de son prédécesseur à l’Élysée. »[19] Après l’envoi d’un télégramme de félicitations, le gouvernement espagnol, quant à lui, ne cache pas sa surprise face aux résultats du scrutin français, voire une certaine perplexité. Celle-ci est d’abord liée au fait que l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand laisse la diplomatie espagnole dans l’incertitude, pratiquement démunie de contacts et d’interlocuteurs à un moment où on espérait à Madrid agir rapidement auprès du partenaire français. Dans l’attente de progrès concernant le règlement des différents contentieux entre les deux pays, les diplomates espagnols craignent que l’examen des dossiers soient à nouveau retardés, de même que la visite prévue à Paris de Leopoldo Calvo-Sotelo, faisant suite à celle qu’il a effectuée en Allemagne[20].
À Madrid, on est assez perplexe quant à la position du nouveau président français. En effet, parmi les 110 propositions adoptées à l’issue du congrès du PS de Créteil par le candidat socialiste aux présidentielles de mai 1981, le douzième point insistait sur le « respect de quatre préalables (agricole, industriel, régional et sur la pêche maritime), conformes à la résolution socialiste adoptée à Montpellier en septembre 1978 »[21]. Comme le résume Jacques Delors, François « Mitterrand avait toujours été favorable à l’entrée de l’Espagne et du Portugal mais le Parti socialiste, dans sa majorité, y était opposé. »[22]
En outre, les positions de nouveau président français favorables à une Alliance atlantique plus équilibrée, ainsi que la présence de ministres communistes dans le gouvernement Mauroy formé le 23 juin ne sont pas sans inquiéter l’administration américaine, laquelle n’hésite pas à durcir le ton face à la perspective de voir se reproduire la situation française dans d’autres pays ouest-européens[23]. Or, l’Espagne, qui est alors en train de négocier son entrée dans l’OTAN, s’efforce de ne pas heurter le gouvernement américain avec lequel elle est liée par des accords militaires et économiques. Alors que des observateurs évoquent une possible mise en quarantaine de la France au sein de l’Alliance, le président du gouvernement espagnol a de fortes raisons de se montrer embarrassé et méfiant vis-à-vis d’un nouveau chef d’État français éloigné de sa politique atlantiste pro-occidentale.
Toutefois, passé le stade de la surprise et de la perplexité, le gouvernement Calvo-Sotelo n’est pas forcément mécontent de tourner la page du giscardisme. Les dirigeants espagnols sont conscients que l’Espagne a besoin d’un partenariat avec la France et que le chemin de l’Europe passe par Paris. L’alternance française introduit une nouvelle donne et va peut-être permettre, estime-t-on à la Moncloa, de débloquer les contentieux, notamment de faire accélérer les négociations d’adhésion de l’Espagne à la CEE et de régler les extraditions des militants basques de l’ETA réfugiés en France. Enfin, le président français apparaît « comme un Européen modéré et pragmatique, lucide et réaliste »[24]. La nomination à la tête du Quai d’Orsay de Claude Cheysson – diplomate, ancien commissaire européen et fin connaisseur des dossiers internationaux – et celle d’André Chandernagor comme ministre des Affaires européennes, sont perçues à Madrid comme une garantie de l’engagement européen du nouveau président français[25].
L’extrême sensibilité des relations franco-espagnoles ainsi que l’intérêt général pour tout ce qui a trait à la France expliquent en partie l’importante couverture médiatique de la campagne présidentielle française par les médias espagnols[26]. La plupart des grands quotidiens et hebdomadaires madrilènes dépêchent sur place un envoyé spécial dont la présence à Paris s’ajoute bien souvent à celle d’un correspondant permanent. Plusieurs unes, articles et interviews sont ainsi consacrés à la situation politique française[27]. Même si elle est envisagée à travers des sondages d’opinion réalisés dès le mois de janvier[28], la victoire du candidat socialiste semble peu probable, d’autant que le panorama électoral français apparaît confus aux yeux des journalistes espagnols. C’est ainsi qu’est interprétée la préférence affichée de plusieurs pays – y compris l’URSS – en faveur de la réélection de Valéry Giscard d’Estaing[29]. À la veille du scrutin, une partie de la presse espagnole donne encore un léger avantage au président sortant, dans la mesure où celui-ci est jugé capable de mener une campagne de dernière minute efficace grâce à un ascendant naturel sur l’électorat et un grand pouvoir de communication[30]. Dans ces conditions, la victoire de François Mitterrand fait sensation ; elle s’explique par l’usure du pouvoir dont a été victime le président sortant, par l’union dont ont fait preuve les socialistes français derrière leur candidat, et par le fait que, comme aux États-Unis avec l’alternance Carter-Reagan, la crise économique que traverse l’Occident a fait prévaloir une volonté de changement au sein de l’électorat[31].
Le portrait qui est fait du nouveau président français est, dans l’ensemble, plutôt flatteur, contrastant ainsi avec l’image laissée par Valéry Giscard d’Estaing, de plus en plus raillé dans la presse espagnole à la suite de « l’affaire des diamants »[32]. François Mitterrand est dépeint comme un homme érudit et de grande culture[33], « prudent, tenace, respectueux, rationnel, logique, curieux, indépendant, convaincu de la nécessité de doter la politique occidentale d’un visage humain », incarnant « ici en Europe et maintenant à l’aube de la fin de siècle le rajeunissement idéologique du Vieux continent »[34]. Sa victoire est avant tout celle d’un homme politique expérimenté qui a obtenu « au bout de 37 ans de carrière politique, grâce à sa ténacité proverbiale et sa grande expérience (…) un triomphe personnel »[35]. Après l’avoir qualifié de « plésiosaure » en raison de sa longévité politique, l’hebdomadaire Cambio 16 estime malgré tout que François Mitterrand est « un homme neuf dans une France ankylosée »[36]. Avec l’aide du publicitaire Jacques Séguéla, le nouveau président français a su se métamorphoser : « Si Giscard représentait l’autorité, Mitterrand incarne l’affectivité, la force tranquille » ; si Giscard personnifiait la richesse et les diamants, Mitterrand, en revanche, est « l’homme qui vit près de la nature, qui aime se promener à pied, prendre le métro »[37].
Au-delà des images, les quotidiens espagnols insistent sur l’« état de grâce » obtenu par le nouveau président français, et qui va permettre au gouvernement de conduire une « transition vers le socialisme, même si l’on peut se demander quel type de socialisme l’emportera »[38]. François Mitterrand semble ainsi bénéficier d’un réel crédit médiatique. L’ambassadeur de France à Madrid constate le 26 mai : « depuis l’entrée en fonction de M. le Président de la République et la constitution du nouveau gouvernement, la presse espagnole a incontestablement changé de ton à l’égard de notre pays. (…) Les feuilles qui faisaient profession d’un militantisme anti-français presque pathologique se taisent. (…) Cette trêve sera-t-elle durable ? »[39] Passés l’effet de surprise, la curiosité et l’état de grâce, l’arrivée de François Mitterrand à l’Élysée, puis la politique conduite par le gouvernement Mauroy suscitent de nombreuses attentes et interrogations.
Effet de miroir et réactions politiques mesurées
À l’image des positions gouvernementales et des commentaires médiatiques, les premières réactions des partis et leaders politiques espagnols au scrutin du 10 mai 1981 oscillent entre surprise, espoirs et expectative. Au sein de l’UCD, l’espoir de relancer les relations franco-espagnoles sur des bases nouvelles à la suite de l’élection de François Mitterrand suscite des réflexions contrastées. Javier Rupérez, responsable des relations internationales du parti, déclare ainsi à la radio nationale : « Je ne peux pas dire que je suis très heureux [du résultat des élections présidentielles françaises], car le règlement d’un certain nombre de problèmes bilatéraux ne peut s’en trouver que retardé, mais c’est peut-être l’occasion de rétablir les relations entre les deux pays sur une base nouvelle »[40]. Plusieurs leaders centristes et démocrates-chrétiens doutent cependant d’une meilleure compréhension des autorités françaises en ce qui concerne le problème terroriste et s’inquiètent plutôt de la valeur d’exemple que peut revêtir le succès socialiste en France lors de futures élections en Espagne. Au sein de l’UCD, la défaite de Giscard d’Estaing est interprétée comme la conséquence des divisions internes de l’ancienne majorité plus que de l’adhésion populaire au projet socialiste. Quoi qu’il en soit, aussi bien dans les instances du parti qu’au gouvernement, la nouvelle situation française est avant tout examinée sous l’angle des problèmes franco-espagnols. Les propos de Marcelino Oreja, ancien ministre des Affaires étrangères et délégué général du gouvernement au Pays basque en témoignent : « j’espère que le nouveau président sera capable de promouvoir enfin une Europe solidaire et que s’achèveront les discriminations dont a souffert l’Espagne au cours de son processus d’adhésion à la CEE. J’espère également que nos voisins seront conscients de ce que la lutte contre le terrorisme de l’ETA n’est pas une affaire isolée, intérieure à un pays, et qu’ils auront à cœur d’en finir avec les sanctuaires d’assassins dans le sud de la France. »[41]
Les formations politiques de la droite traditionnelle se montrent sceptiques face à la nouvelle situation politique française, et le scrutin du 10 mai 1981 est analysé, ici encore, sous l’angle strict des rapports bilatéraux. D’une manière générale, s’exprime le sentiment que, de toute façon, les relations franco-espagnoles se trouvaient au plus bas et que, par conséquent, elles ne peuvent guère empirer. Le leader de l’Alianza Popular (AP) Manuel Fraga juge que Giscard d’Estaing, en ayant attaqué les gaullistes pendant son septennat, est le responsable de sa propre défaite, reprenant ainsi l’analyse faite par Jean-François Revel[42]. Les milieux conservateurs croient, cependant, à un changement modéré sous la conduite de François Mitterrand qui apparaît « beaucoup plus pragmatique que le laissent supposer ses plaidoiries électorales »[43]. À l’exception de El Alcazar, journal phalangiste d’extrême-droite très lu dans les milieux militaires, qui évoque « le spectre » du Front Populaire, les « drapeaux rouges à Paris » et « les rouges à nos frontières »[44], l’ensemble des quotidiens conservateurs espagnols commentent sans hostilité particulière le tournant pris par la vie politique française, considéré comme un événement majeur dans la vie politique européenne. Certains s’inquiètent du frein supplémentaire qui pourrait être mis au processus d’intégration de l’Espagne dans la Communauté européenne, non seulement en raison des incertitudes politiques françaises, mais aussi parce que la position de François Mitterrand à l’égard de la candidature espagnole est perçue comme étant en retrait par rapport à celle de l’ancien président Giscard d’Estaing. On ne croit guère non plus à une modification de l’attitude française à l’égard du terrorisme, même si la plupart des articles concluent sur cette espérance. Les milieux d’affaires observent avec inquiétude « la panique à la bourse de Paris » et estiment que les difficultés économiques risquent de s’aggraver[45]. Ils s’interrogent en particulier sur une possible évolution « collectiviste » ou étatique de l’économie française et s’inquiètent de la nationalisation des banques, analysée comme un précédent dangereux et un modèle néfaste pour les socialistes espagnols, ce qui tend à confirmer le commentaire d’Hubert Védrine sur les réactions médiatiques à l’annonce des nationalisations en France[46].
Au sein des partis de gauche, en revanche, on ne cache pas sa satisfaction et même son enthousiasme de voir le grand pays voisin dirigé par un président socialiste porté au pouvoir par un grand élan populaire et un désir de changement. Les messages de soutien sont nombreux. Tandis que Felipe González évoque la « solidarité traditionnelle entre les partis socialistes » et les « répercussions au sein des forces progressistes de l’Europe », le secrétaire général du PCE Santiago Carrillo parle de « sa joie intense » à l’annonce de la victoire d’un « ami de toujours », et d’une élection qui aura « une influence positive pour le renforcement de la démocratie en Europe » et « des relations entre l’Espagne et la France »[47]. Par un « effet de miroir », l’arrivée au pouvoir des socialistes en France et la constitution du gouvernement Mauroy avec la présence de quatre ministres communistes crée un sentiment d’espoir chez leurs homologues ibériques. Felipe González assiste le 21 mai à la cérémonie d’investiture du nouveau président français en compagnie de Mario Soares, Willy Brandt, Georges Papandréou, ou encore Leopold Senghor. Au micro de TF1, le leader politique espagnol déclare : « Je crois que ce sera important et positif pour les rapports entre l’Espagne et la France. Je me sens vraiment enthousiasmé parce que je crois que dans le futur nous pouvons approfondir ce rapport et que ça sera décisif, je crois, pour l’établissement définitif de la démocratie en Espagne. »[48] Pour plusieurs observateurs, la victoire de François Mitterrand et du PS renforce l’hypothèse d’une renaissance socialiste en Europe du sud et peut servir de modèle pour les socialistes en Espagne : Felipe González représente le futur, il correspond parfaitement à l’image que l’on se fait d’un Premier ministre[49].
À gauche l’euphorie, à droite le désarroi ? Les positions sont loin d’être aussi manichéennes et simplistes. Au PSOE comme au PCE, certes on se réjouit de la victoire des socialistes français et de l’alternance, mais les cadres des deux partis ne cachent pas leur inquiétude quant à l’attitude que la France adoptera sur la question des négociations hispano-communautaires et dans la lutte contre le terrorisme basque[50]. Pour les socialistes espagnols, François Mitterrand s’est montré plutôt confus et défavorable à l’extradition des terroristes de l’ETA tout au long de sa campagne électorale, tout en maintenant des positions proches de celles de Giscard sur l’élargissement de la CEE. Les attentes et incertitudes sont donc nombreuses à l’égard du nouveau chef d’État français. D’autre part, proche du modèle de la social-démocratie allemande de Willy Brandt, Felipe González est le leader d’un PSOE réformiste sur le plan économique, favorable à la construction européenne, hostile à une alliance avec les communistes espagnols, et au final assez éloigné des options politiques du nouveau président français.
Un « effet Mitterrand » de courte durée
S’il suscite l’espoir d’une relance des relations franco-espagnoles, l’« effet Mitterrand » se traduit aussi à Madrid par une certaine curiosité à l’égard du président français. Des initiatives diplomatiques sont prises très tôt pour améliorer les rapports bilatéraux. Dès juin 1981, Claude Cheysson se rend à Madrid. En juillet, c’est au tour de Leopoldo Calvo-Sotelo d’effectuer un voyage à Paris pour sonder le chef d’État français en particulier sur la question de la lutte contre le terrorisme au Pays basque. Les Espagnols entrevoient un changement d’attitude dans la politique française à l’égard de leur pays.
Néanmoins, plusieurs déclarations des nouveaux responsables français vont rapidement décevoir les Espagnols et sinon annuler, du moins fortement atténuer « l’effet Mitterrand ». Ainsi, au lendemain d’un avis favorable à l’extradition de trois Basques espagnols accusés d’assassinats rendu par le Tribunal de Pau, le ministre de l’Intérieur Gaston Defferre déclare dans une interview publiée dans Le Nouvel Observateur en juillet 1981 qu’« extrader est contraire à toutes les traditions de la France, surtout quand il s’agit, comme là, d’un combat politique »[51]. Le parallèle sous-entendu dans les propos du ministre entre les terroristes de l’ETA et les résistants français à l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale suscite une vague d’indignation en Espagne. La presse espagnole dans son ensemble juge ces déclarations inadmissibles, scandaleuses et inamicales. Le voyage à Madrid de Gaston Defferre, prévu pour le 21, est ajourné. Le ministre français se rend finalement dans la capitale espagnole huit jours plus tard et se déclare prêt à appuyer la lutte antiterroriste, en particulier en renforçant les mesures de contrôle aux frontières, mais en respectant les principes des droits de l’homme auxquels le gouvernement français est attaché[52].
D’autre part, au cours de sa conférence de presse du 24 septembre, François Mitterrand se contente de renouveler l’exigence formelle de conditions préalables à l’entrée de l’Espagne et du Portugal dans la CEE. Le président français s’en tient à la position définie par le PS lors des élections européennes de 1979 et dans la lignée du rapport Sutra[53]. Il « regrette que les relations franco-espagnoles ne se soient pas autant améliorées qu’[il l’aurait] souhaité. Cela est dû, ajoute-t-il, à la rudesse des temps, à la nature des choses, à un certain nombre de réalités politiques que je voudrais bien réduire »[54]. Pour les Espagnols, la position de François Mitterrand sur l’adhésion de l’Espagne à la CEE se situe finalement dans la continuité de celle de son prédécesseur.
Le crédit dont a pu bénéficier François Mitterrand au lendemain de son élection auprès du gouvernement démocrate-chrétien et des médias espagnols ne dure que peu de temps. En particulier, dès le mois octobre, la presse se montre très critique vis-à-vis de la politique étrangère du président français. S’ils saluent la nouvelle politique africaine de la France et « l’esprit de Cancún », les journaux madrilènes constatent que le changement de président en France n’a pas permis de modifier une situation « traditionnellement compliquée » entre les deux pays[55]. De surcroît, certains titres comme Cambio 16 en appellent au boycott des produits alimentaires français suite à l’affaire de l’huile frelatée et à la décision du gouvernement Mauroy d’interdire l’entrée en France des conserves espagnoles pendant trois mois. L’hebdomadaire entend réagir « contre les continuelles agressions françaises contre l’Espagne » et justifie également son appel par les positions françaises sur l’ETA et l’élargissement de la CEE[56]. Alors que les troubles se multiplient à la frontière – agressions des camions et incidents de pêche dans le golfe de Gascogne –, les diplomates français dénoncent en février 1982 une véritable « campagne anti-française en Espagne », marquée par une quasi-unanimité d’articles hostiles à la France dans les journaux, et qui se poursuit tout au long de l’année 1983[57].
Un an après son arrivée au pouvoir, François Mitterrand effectue un voyage officiel à Madrid les 22-24 juin 1982 au cours duquel il affirme vouloir traiter « à bras le corps » les problèmes bilatéraux, tout en défendant les intérêts nationaux[58]. Des manifestations hostiles au chef de l’État français ont lieu dans les rues de Madrid et la presse espagnole lui réserve un accueil glacial. Pour Diario 16, « Mitterrand est arrivé avec les mains vides » et avec « le veto à l’entrée de l’Espagne dans la CEE », tandis que El País commente : « le président français a commencé son voyage officiel dans un climat de froideur apparente ». Pueblo ironise sur le fait que Mitterrand se déplace à Madrid accompagné de son ministre des Relations extéieures, de ceux de l’Éducation et de la Culture, mais sans le ministre des Affaires européennes ni celui de l’Intérieur : sa venue « n’apporte pas de solutions aux problèmes du terrorisme basque et de l’entrée de l’Espagne dans la CEE, mais des propositions d’échanges culturels ». Pour le quotidien Ya, « la visite de Mitterrand est un des événements les plus lamentables que l’Espagne ait dû supporter dans ses relations internationales »[59].
Si le président du gouvernement espagnol tente de minimiser ces critiques en insistant sur ses bonnes relations personnelles avec le chef d’État français, rien n’est fait à Madrid pour cacher l’irritation des Espagnols. Leopoldo Calvo-Sotelo déclare même dans une interview publiée dans Le Matin que « le territoire français continue d’être utilisé par les groupes terroristes comme base d’opérations contre l’Espagne »[60]. François Mitterrand annonce ensuite son intention de demander à la Commission européenne un « inventaire » des problèmes liés à l’élargissement aux pays ibériques, ce qui est interprété par le ministre des Affaires étrangères José Pedro Pérez-Llorca comme « un nouveau subterfuge » destiné à bloquer la négociation hispano-communautaire[61]. La réaction du député socialiste Fernando Baeza résume le sentiment de la classe politique espagnole : « profonde déception causée par l’attitude de Mitterrand »[62].
Dans ce contexte, les relations entre socialistes français et socialistes espagnols se tendent et l’« effet miroir » provoqué par l’élection de François Mitterrand prend fin progressivement. Déçus par les déclarations du président français, les dirigeants du PSOE décident de n’envoyer aucune délégation officielle pour assister au congrès du PS de Valence en octobre 1981, ce qui est perçu comme un signe d’agacement de la part des Espagnols. Lors du 29e congrès tenu par le PSOE à Madrid les 21-24 octobre 1981, aucun ténor socialiste français n’effectue le déplacement. Seuls Antoine Blanca et Luc Soubré composent la délégation française. Dans leur rapport remis au Premier secrétaire Lionel Jospin, ils soulignent « l’extrême sensibilité des responsables espagnols à l’attitude française concernant l’étanchéité de la frontière et les extraditions », et pointent aussi du doigt les différences idéologiques entre socialistes français et espagnols[63].
En effet, à la différence du Parti socialiste français ou du PASOK grec, le parti socialiste espagnol refuse toute alliance avec les communistes et se montre sceptique vis-à-vis des nationalisations et de la politique de relance. En octobre 1981, dans la préface qu’il rédige pour l’édition espagnole du livre d’entretiens de François Mitterrand avec Guy Claisse, Ici et maintenant, Felipe González met en garde contre toute extrapolation et tentative d’appliquer mimétiquement les idées et la politique de François Mitterrand à la situation espagnole[64]. Pour le secrétaire général du PSOE, la priorité est de consolider la démocratie et de lutter contre l’inflation. Un mois plus tard, un des cadres du PSOE, Enrique Barón Crespo, estime qu’il vaut mieux « contrôler plutôt que nationaliser » l’économie[65].
À ce titre, l’alternance de mai 1981 et la politique économique menée par le gouvernement Mauroy sont une sorte de laboratoire d’études pour le PSOE. D’après le témoignage de Joaquin Almunia, la direction du PSOE a même eu un accès exhaustif à toute l’information sur le développement de la politique économique des socialistes français[66]. Plus tard, tirant les conséquences de l’échec de la relance – symbolisé par un accroissement du déficit commercial et une augmentation de l’inflation, et qui conduit le gouvernement français à faire une pause dans les réformes dès juin 1982 –, les dirigeants du PSOE défendent au cours de la campagne pour les élections générales d’octobre 1982 un programme de modération économique et budgétaire. De ce point de vue, l’expérience française de relance devient un contre-exemple à éviter pour le PSOE et il s’en faut de peu pour que « l’effet miroir » initial ne devienne un « effet repoussoir »[67]. Les tensions entre partis socialistes français et espagnols se poursuivent encore bien après l’arrivée au pouvoir de Felipe González. Un nouvel incident a, par exemple, lieu en octobre 1983 : la délégation espagnole présente au congrès du PS à Bourg-en-Bresse quitte brusquement la salle à l’évocation des « conditions préalables » à l’adhésion de l’Espagne dans le Marché commun[68]. Il faut attendre la fin de l’année 1983 et le courant de l’année 1984 pour que les relations s’améliorent[69].
Les réactions étrangères immédiates au scrutin présidentiel du 10 mai 1981 peuvent être très schématiquement partagées en deux dynamiques différentes : d’un côté, celles des pays anglo-saxons gouvernés par des majorités conservatrices ainsi que celles des dirigeants soviétiques, qui observent avec suspicion et méfiance l’arrivée au pouvoir d’un socialiste à l’Élysée ; d’un autre côté, les réactions des pays du sud de l’Europe et de certaines nations scandinaves qui ont tendance à considérer avec bienveillance, voire sympathie – mais non sans surprise –, l’élection de François Mitterrand mettant fin à vingt-trois ans de gouvernement de la droite. Toutefois, dans le cas espagnol, si l’on analyse avec plus de recul et de précisions les réactions à moyen terme du gouvernement, de la classe politique et des médias, on constate que « l’effet Mitterrand » est assez éphémère. Après les félicitations de rigueur, les encouragements et un certain enthousiasme, notamment au sein des forces de gauche, l’alternance française finit par décevoir les Espagnols, qui avaient placé de nombreux espoirs dans un changement de la politique espagnole de la France, et la méfiance s’installe bien vite à nouveau de part et d’autre des Pyrénées. En outre, la perspective des élections législatives dans plusieurs pays européens donne à la victoire des socialistes français une dimension qui dépasse les frontières nationales. Ainsi, l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand s’inscrit dans un contexte politique marqué par une vague rose méditerranéenne : les socialistes l’emportent, en effet, en Grèce en octobre 1981, en Espagne en octobre 1982, au Portugal en avril 1983 et, enfin, en Italie en juin 1983. S’il est tentant de voir dans « l’effet Mitterrand » un « effet miroir » et un « effet déclencheur » ou « moteur », il faut aussi souligner les divergences tactiques et stratégiques entre les différents partis socialistes européens.
[1] Robert Frank, « L’ »effet Mitterrand » à l’étranger (1981-1982) : un « état de grâce », un jeu de miroir et une politique extérieure de l’image », dans Serge Berstein, Pierre Milza, Jean-Louis Bianco (dir.), François Mitterrand. Les années du changement, 1981-1984, Paris, Perrin, 2001, p. 113-137.
[2] Sur cette notion, voir Jean-François Sirinelli, « L’événement-monde », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n°76, Presses de Sciences Po, 2002, p. 35-38 ; Patrick Boucheron, « L’entretien du monde », dansPatrick Boucheron, Nicolas Delalande (dir.), Pour une histoire-monde, Paris, PUF, 2013, p. 5-23 ; « Chili 1973, un événement mondial », revue Monde(s), n°8, PUR, 2015.
[3] Jacques Attali, Verbatim, tome I, 1981-1986, Paris, Fayard, 1993, p. 18.
[4] François Mitterrand, De l’Allemagne, de la France, Paris, Odile Jacob, 1996, p. 157 et 171.
[5] Cf. Sophie Baby, « Sortir de la guerre civile à retardement : le cas espagnol », Histoire@Politique, n°3, 2007 ; Matthieu Trouvé, « Des généraux contre la transition démocratique. Armée, anticommunisme et déstabilisation de la démocratie en Espagne (1975-1982) », Les Cahiers de Framespa [En ligne], n°36, 2021, URL : http://journals.openedition.org/framespa/10634
[6] Tribune de Pablo Sebastián, « Giscard, cuatro años de tensión con la España democrática », El País, 11 mai 1981.
[7] Victoria Prego, Presidentes. Veinticinco años de historia narrada por los cuatro jefes de Gobierno de la democracia, Ediciones del Bolsillo, Barcelone, 2001, p. 91.
[8] Leopoldo Calvo-Sotelo, Memoria viva de la transición, Plaza y Janés/Cambio 16, Barcelone, 1990, p. 153-154. Cf. aussi El País, 18 mai 1982.
[9] Voir Sergio Molina García, El sector agrario en las relaciones España-Francia durante la transición española. Un condicionante para la adhesión al Mercado Común, 1975-1982, Thèse de doctorat d’histoire contemporaine, sous la direction du Pr. Manuel Ortiz, Université Castilla-la-Mancha, Albacete, 31 octobre 2019, et, du même auteur, « Les problèmes agricoles entre la France et l’Espagne, 1975-1982 », Siècles [En ligne], n°47, 2019, URL : http://journals.openedition.org/siecles/5753.
[10] Le texte de cette allocution se trouve dans de nombreuses archives. Il peut être consulté sur le site : https://www.vie-publique.fr/discours/133578-allocution-prononcee-par-m-valery-giscard-destaing-sur-les-problemes
[11] Ya, 6 juin 1980.
[12] Voir, par exemple, Archives du ministère des Affaires étrangères espagnol (AMAE-E), R 17893, Exp. 3, lettre n°14 de Raimundo Bassols, ambassadeur d’Espagne auprès des Communautés européennes, 30 octobre 1980.
[13] Entretien de l’auteur avec Raimundo Bassols, octobre 2001.
[14] Entretiens de l’auteur avec Leopoldo Calvo-Sotelo (décembre 2000), Marcelino Oreja, Carlos Westendorp (octobre 2001), et José Pedro Pérez-Llorca, Fernando Morán, Manuel Marín (octobre 2002).
[15] Archives historiques de l’Union européenne (AHUE), OFME 77, propos de Miguel Martínez Cuadrado lors du colloque franco-espagnol de Madrid « la France face à l’élargissement », 20-21 janvier 1981.
[16] François Morizur, « Entre incompréhension et intérêt national. Une histoire des relations franco-espagnoles en matière de défense et sécurité depuis 1945 », Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, n°6, 2010, [en ligne]. URL : http://journals.openedition.org/ccec/323
[17] Archives du ministère des Affaires étrangères français (AMAE-F), Espagne, 1930 INVA 5167, télégramme n°497 de l’ambassadeur Raoul Delaye, 13 mai 1981.
[18] Feliciano Fidalgo, « Las relaciones hispano-francesas mejoraran, según los consejeros del futuro presidente », El País, 11 mai 1981.
[19] Jacques Attali, Verbatim, I, 1981-1986, Paris, Fayard, 1993, p. 22-23.
[20] AMAE-F, Madrid, 1930 INVA 5167, télégramme n°496 de l’ambassadeur Raoul Delaye, 13 mai 1981.
[21] François Mitterrand, Politique 2, 1977-1981, Paris, Fayard, 1981.
[22] Jacques Delors, avec Jean-Louis Arnaud, Mémoires, Paris, Plon, 2004., p. 179 et 307.
[23] Marc Chaux, « François Mitterrand et les États-Unis », La Lettre de l’Institut François Mitterrand, n°24, 8 juin 2008, consultable : https://www.mitterrand.org/Francois-Mitterrand-et-les-Etats.html
[24] Elisabeth Du Réau, « L’engagement européen », dans Serge Berstein, Pierre Milza, Jean-Louis Bianco (dir.), François Mitterrand. Les années du changement (1981-1984), Paris, Perrin, 2001, p. 285.
[25] Entretien de l’auteur avec André Chandernagor, avril 2002. Cf. aussi Pierre Mauroy, Mémoires. « Vous mettrez du bleu au ciel », Paris, Plon, 2003, p. 175.
[26] Pour une analyse détaillée des réactions médiatiques espagnoles à l’élection de François Mitterrand, nous renvoyons à l’article de Manuel Ortiz et Sergio Molina García : « « Monsieur le président : existen razones […] para alegrarnos de su triunfo » : La victoria de François Mitterrand y la prensa española, mayo 1981 ». Nous nous contentons ici uniquement de soulever quelques pistes.
[27] L’actualité est également accaparée par la tentative de coup d’État du lieutenant-colonel Tejero le 23 février, la tentative d’assassinat du Pape Jean-Paul II le 13 mai, et une prise d’otages à la Banque centrale de Barcelone par un commando d’extrême-droite le 23 mai.
[28] Cambio 16, 12 janvier 1981.
[29] Cf. Galina Kaninskaya, « L’élection présidentielle vue de l’URSS à travers la presse », dans Serge Berstein, Pierre Milza, Jean-Louis Bianco (dir.), op. cit., p. 147-159 ; Cambio 16, 30 mars 1981 et La Vanguardia, 24 juin 1981.
[30] Cf. Cambio 16, 9 février et 30 mars 1981.
[31] Voir l’analyse de Cambio 16 du 30 novembre 1981.
[32] Cambio 16 du 5 janvier 1981 titre en couverture : « Vie et miracles du voisin d’en haut. Valéry « Diamant » d’Estaing » (« Vida y milagros del vecino de arriba. Valéry « Diamant » d’Estaing »).
[33] ABC, 10 mai 1981.
[34] Cambio 16, 12 octobre 1981.
[35] La Vanguardia, 12 mai 1981.
[36] Cambio 16, 9 février et 30 mars 1981.
[37] Cambio 16, 26 octobre 1981.
[38] El País, 23 juin 1981.
[39] AMAE-F, 1930 INVA 5167, télégramme n° 543 de l’ambassadeur Raoul Delaye, 26 mai 1981.
[40] Propos de Javier Rupérez rapportés par l’ambassadeur de France à Madrid, AMAE-F 1930 INVA 5167, télégramme n°497 déjà cité, 13 mai 1981.
[41] Propos de Marcelino Oreja, rapportés par l’ambassadeur de France à Madrid, Ibid.
[42] El País, 14 mai 1981.
[43] ABC, 10 mai 1981.
[44] Voir El Alcázar des 11, 12 et 13 mai 1981.
[45] Cf. La Vanguardia et Cinco Días du 12 mai 1981.
[46] Archives nationales (AN), 5AG4 11 300, note manuscrite d’Hubert Védrine dossier « Sommet franco-allemand du 12-13 juillet 1981 », citée dans Robert Frank, « L’ »effet Mitterrand » à l’étranger (1981-1982) : un « état de grâce », un jeu de miroir et une politique extérieure de l’image », dans op. cit., p. 121.
[47] El País, 11 mai 1981 ; Sud-Ouest, 12 mai 1981. El País titre : « Euphorie de la gauche espagnole après la défaite de Giscard » (« Euforia en la izquierda española por la derrota de Giscard »).
[48] Déclaration de Felipe Gonzalez à TF1, Journal télévisé de 20h, 21 mai 1981, http://www.ina.fr/video/CAA8100858401
[49] Cambio 16, 26 octobre 1981. Cambio 16 du 30 novembre 1981 titre : « Mitterrand, monarque du socialisme ».
[50] El País, 12 mai 1981.
[51] Le Nouvel Observateur, 18 juillet 1981.
[52] Cf. Le Monde, 21 juillet 1981 ; Le Nouvel Observateur, 25 juillet 1981 ; François Morizur, « Entre incompréhension et intérêt national », op. cit., http://journals.openedition.org/ccec/323 ; Lucas Alvarez, La France, entre Espagne et ETA. La mise en œuvre d’une coopération contre le terrorisme (1980-1990), master 2 de recherche, s.d. d’Olivier Wieviorka, ENS Paris Saclay–Université Paris-1 Panthéon Sorbonne, juin 2018 [en ligne]. URL : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01915535/document
[53] Sur le rapport Sutra, voir notamment Archives de la Fondation Jean Jaurès (FJJ),424 RI 2, « texte adopté par le bureau exécutif du 26 septembre 1978 après étude du rapport Sutra ». Cf. aussi L’Indépendant, 26 janvier 1979.
[54] Conférence de presse de M. François Mitterrand, Président de la République, sur la politique étrangère et économique, Paris, Palais de l’Élysée, jeudi 24 septembre 1981, consultable sur : https://www.elysee.fr/francois-mitterrand/1981/09/24/conference-de-presse-de-m-francois-mitterrand-president-de-la-republique-sur-la-politique-etrangere-et-economique-paris-palais-de-lelysee-jeudi-24-septembre-1981
[55] Cf. ABC qui titre le 10 mai 1982 « Madrid-Paris : des relations complexes », El País, 18 mai 1982, et Cambio 16, 9 novembre 1981.
[56] Cambio 16, 26 octobre 1981.
[57] Cf. AMAE-F, 1930 INVA 5167, télégramme n°89 de l’ambassadeur Raoul Delaye, 1er février 1982, AN, 5AG4, note de Jean-Michel Gaillard chargé de mission à la Présidence de la République, 2 novembre 1983.
[58] https://www.vie-publique.fr/discours/136647-allocution-de-m-francois-mitterrand-president-de-la-republique-devant; https://www.elysee.fr/francois-mitterrand/1982/06/23/conference-de-presse-de-m-francois-mitterrand-president-de-la-republique-notamment-sur-le-terrorisme-basque-madrid-mercredi-23-juin-1982 ; https://www.elysee.fr/francois-mitterrand/1982/06/23/toast-prononcee-par-m-francois-mitterrand-president-de-la-republique-a-loccasion-du-diner-offert-a-leurs-majestes-le-roi-et-la-reine-despagne-a-la-residence-de-france-madrid-mercredi-23-juin-1982
[59] Cf. Diario 16, El País, Pueblo et Ya du 23 juin 1982.
[60] Le Matin, 22 juin 1982 et entretien de l’auteur avec Leopoldo Calvo-Sotelo, décembre 2000
[61] José Pedro Pérez-Llorca, « La política exterior en los últimos años de Gobierno de la UCD », op. cit., p. 195.
[62] Déclaration de Fernando Baeza à El País, 26 juin 1982.
[63] FJJ, 424 RI 13, Espagne, Congrès du PSOE, rapport des délégués Antoine Blanca et Luc Soubré, 1981
[64] François Mitterrand, Aquí y ahora, Madrid, Argos-Vergara, préface de Felipe González, 1981 (édition en espagnol de Ici et Maintenant). Voir aussi Cambio 16, 12 octobre 1981.
[65] Cambio 16, 2 novembre 1981.
[66] Tom Burns Marañón, Conversaciones sobre el socialismo, Barcelone, Plaza y Janés, 1996, p. 325.
[67] Charles Powell, España en democracia, 1975-2000. Las claves de la profunda transformación de España, Madrid, Plaza y Janés, 2001, p. 344.
[68] Sur l’attitude de la délégation du PSOE au congrès de Bourg-en Bresse et les réactions françaises : FJJ, 424 RI 1, lettre de Lionel Jospin à Felipe González, 16 novembre 1983, et FJJ, 424 RI 3, note de Jean-Jacques Kourliandsky, octobre 1983.
[69] Matthieu Trouvé, « François Mitterrand et l’Espagne (1981-1995) », Matériaux pour l’histoire de notre temps, n°101-102, 2011, p. 17-19 ; Ramón-Luis Acuña, Como los dientes de una sierra. Francia y España de 1975 a 1985, una década, Barcelone, Plaza y Janés, 1986, p. 96.