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Présentation
Aux années du changement (1981-1984) et aux années d’alternances (1984-1988), succède de 1988 à 1991 une troisième période après la réélection de François Mitterrand en 1988. Celle-ci correspond à une recherche de stabilisation, que ce soit politiquement (malgré une majorité relative et les recompositions qui s’opèrent à gauche), économiquement (face aux contraintes accentuées de la mondialisation libérale et de la construction européenne), peut-être aussi socialement et culturellement (avec les défis auxquels fait face le modèle républicain), et sans conteste du point de vue des relations internationales (face à la chute du mur de Berlin et ses conséquences). C’est ce troisième temps de la présidence de François Mitterrand qu’analysera ce colloque en quatre sessions, de décembre 2024 à juin 2025.
SESSION 2 : La politique économique et sociale au défi de l’Europe et de la mondialisation libérale
Sur le plan économique et financier, les années 1988-1991 sont dominées en Europe de l’Ouest par les enjeux de la construction européenne, à travers l’approfondissement en cours du marché intérieur et la perspective de l’union monétaire dont le comité Delors fixe les principales lignes directrices. Cette interdépendance renforcée des États membres de la CEE pèse sur l’élaboration de la politique économique française dont Pierre Bérégovoy est le principal architecte. La recherche d’une compétitivité accrue de l’économie est érigée en priorité cardinale. Elle légitime les objectifs de la stabilité monétaire (le « franc fort »), de la désinflation, de la réduction de la pression fiscale sur les entreprises et de la maîtrise des déficits publics. Sans remettre en cause l’exigence mitterrandienne d’en finir avec le cycle de nationalisations/privatisations, en vertu du principe du « ni-ni », l’heure est à la dynamisation du secteur privé marchand, non à l’extension du secteur public.
L’exigence de compétitivité s’applique également à l’État. Des réformes d’envergure des services publics sont impulsées au nom de la « modernisation », considérée comme nécessaire dans un contexte de renforcement de la concurrence et de réforme de la fiscalité induite par l’achèvement du marché intérieur. Cette volonté de repenser le fonctionnement de la puissance publique et de ses instruments résulte également de la nécessité de trouver de nouvelles sources de financement pour un État social sous tension. Dans ses logiques, la politique économique du gouvernement socialiste tend à converger vers celle mise en œuvre au même moment par maints gouvernements de droite au sein de la CEE, conservateurs ou démocrates-chrétiens. Sans grande surprise, elle provoque donc des remous au sein de la gauche. À l’intérieur du Parti socialiste, certaines personnalités et courants expriment leur incompréhension à l’égard du maintien implacable d’une approche austéritaire échouant à faire baisser le chômage structurel, fléau majeur frappant alors la plupart des États membres.
Par le prisme d’une histoire économique, sociale et politique ouverte aux autres sciences sociales, ce colloque propose de réfléchir à la manière dont les gouvernements de François Mitterrand s’efforcent, dans les trois premières années du second septennat, de répondre aux défis périlleux de l’approfondissement de la construction européenne et de l’accélération de la mondialisation libérale dans un contexte de sortie de Guerre froide.
Comité scientifique
Judith Bonnin Maîtresse de conférences – Université Bordeaux Montaigne
Frédéric Bozo Professeur des universités – Université Sorbonne Nouvelle
Éric Bussière Professeur des universités émérite – Sorbonne Université
Ismail Ferhat Professeur des universités – Université Paris Nanterre
Mathieu Fulla Professeur agrégé HDR – Sciences Po
Pierre-Emmanuel Guigo Maître de conférences – Université Paris-Est Créteil
Hélène Miard-Delacroix Professeure des universités – Sorbonne Université
Sébastien Repaire Responsable des activités scientifiques – Institut François Mitterrand
COORDINATEURS DE LA SESSION : Éric Bussière et Mathieu Fulla
Programme
9h30 Ouverture
- Mot d’accueil : Christine Manigand, directrice du laboratoire Intégration et coopération dans l’espace européen (ICEE) ; Nicolas Leron, directeur de l’Institut François Mitterrand ; Frédéric Bozo, président du Conseil scientifique de l’Institut François Mitterrand
- Introduction au colloque : Mathieu Fulla
10h00 Les défis européens
- Présidence : Florence Descamps
- Laurent Warlouzet : « L’achèvement du marché unique européen et la régulation du libéralisme »
- Olivier Feiertag : « Le comité Delors et la préfiguration de l’Union économique et monétaire (1988-1990) »
DISCUSSION
11h15 Les résonances dans le cadre national
- Présidence : Noëlline Castagnez
- Mathieu Fulla : « Les socialistes et le tournant : l’ébranlement de 1988-1991 »
- Éric Bussière : « Pierre Bérégovoy, la politique économique, le franc fort et la désinflation compétitive »
DISCUSSION
PAUSE DÉJEUNER
14h00 Études de cas
- Présidence : Laure Quennouëlle-Corre
- Pascal Griset : « Le « ni-ni », les entreprises et la politique industrielle »
- Muriel Le Roux : « La réforme des services publics »
- Frédéric Tristram : « La politique sociale et fiscale du gouvernement socialiste : le cas du RMI et de la CSG »
DISCUSSION
15h45 Conclusion : Éric Bussière
Informations pratiques
Date|Vendredi 17 janvier 2025
Lieu|Université Sorbonne Nouvelle
8 avenue de Saint-Mandé
75012 Paris
Métro| Nation