Journées d’études des 25 et 26 mars 2013 organisées par l’université Paris I Panthéon-Sorbonne/ IDHE-IHES, l’université de Paris IV Sorbonne/IRICE, l’université de Rouen/GRHIS, l’Institut François Mitterrand et la Fondation Jean-Jaurès.
LUNDI 25 MARS, 14h00 – 18h00
Université de Paris I Panthéon-Sorbonne,
12 Place du Panthéon, 2e étage, Paris 5e, salle 216
Introduction Michel Margairaz, professeur, université Paris I Panthéon-Sorbonne,
et Olivier Feiertag, professeur, université de Rouen
La lutte pour l’hégémonie de sens du « tournant »
> 14h30 – 16h15
Mathieu Fulla, doctorant, ATER, université de Rouen :
« État de la question, historiographie »
Antony Burlaud, doctorant, université Paris I Panthéon-Sorbonne :
« Le tournant vu du Parti socialiste : débats, luttes, récits »
Discussion
Pause
> 16h15 – 18h
Antoine Rensonnet, doctorant, université de Rouen :
« Le tournant à l’échelle des socialistes en Haute-Normandie »
Pierre-Emmanuel Guigo, doctorant, Centre d’histoire de Sciences Po :
« Le tournant médiatique. Réflexions sur un mythe journalistique »
Discussion
MARDI 26 MARS, 9h30 – 13h00
Université de Paris I Panthéon-Sorbonne,
12 Place du Panthéon, Paris 5e, 2e étage, salle 216
Le tournant au cœur des dynamiques monétaires, économiques et financières
> 9h30 – 11h15
Michel Margairaz, professeur, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne :
« Les décideurs de la politique économique et financière des années 1970-1980 »
Frédéric Tristram, maître de conférences, université Paris I Panthéon-Sorbonne :
« La politique fiscale et budgétaire en 1983 »
Discussion
Pause
> 11h15 – 13h
Laurent Warlouzet, maître de conférences, université d’Artois :
« Les mutations de la politique industrielle française dans un cadre européen »
Florence Descamps, maître de conférences, École pratique des hautes études
Laure Quennouëlle, chargée de recherches CNRS, Centre de recherches historiques/EHESS :
« Le tournant de 1983, vu de la rue de Rivoli »
Discussion
Déjeuner
MARDI 26 MARS, 14h30 – 18h00
Université de Paris IV Sorbonne,
1 rue Victor Cousin, Paris 5e, galerie Richelieu, salle des Actes
Le tournant de la mondialisation ?
> 14h30 – 16h15
Olivier Feiertag, professeur, université de Rouen :
« 1983 et le tournant monétaire global »
Alain Kaspereit, doctorant, université Paris I Panthéon-Sorbonne :
« Les banques dans une dynamique mondiale »
Discussion
Pause
> 16h15 – 18h
Georges Saunier, chargé de mission, Institut François Mitterrand, maître de conférences associé, université de Cergy-Pontoise :
« À la recherche du tournant européen »
Floriane Galeazzi, doctorante, université de Rouen Vincent Duchaussoy, doctorant, université de Rouen, Mission historique de la Banque de France :
« Le tournant du couple franco-allemand »
Éric Bussière, professeur, université de Paris IV-Sorbonne
Conclusions
Discussions finales
Téléchargez l’invitation au format PDF :
mkinvit.pdf
L’objet de cette rencontre résulte d’une triple interrogation à propos de ce qu’on a appelé fréquemment dans les media comme dans la communauté scientifique le « tournant de mars 1983 ».
La première interrogation porte sur la manière dont s’est construite ex post une représentation commune de l’événement, très tôt, peu après mars 1983 et par les acteurs de l’épisode alors au pouvoir. En fait, deux types de discours ont été diffusés. L’un, assez unanime et qui demeure, visant à légitimer la décision de dévaluer le franc et de rester dans le SME. Symboliquement, la mesure décidée alors prenait la signification forte d’un ancrage dans l’Europe prévalant sur tout autre choix. L’autre, plus discuté, visait à donner du sens à l’événement par rapport à la politique économique et financière suivie jusque là. Il s’est développé une lutte parmi les dirigeants socialistes pour s’assurer l’hégémonie du sens à donner à l’événement. Plusieurs des principaux organes du pouvoir et du parti socialiste (à l’Élysée, à Matignon, à la direction du PS…) ont réfuté l’idée que « la politique de rigueur » ait dévié de la politique menée depuis juin 1981. Un autre discours, tenu dans les milieux proches de Jacques Delors ou, d’un autre côté, de Michel Rocard, a accrédité l’idée d’un véritable tournant, interprété comme un retour au réel salutaire, après la séquence nécessaire (de 1981-1982) de sacrifice à « la part du rêve ». C’est cette version qui, sur la durée, s’est imposée comme vulgate. Le propos consistera à analyser les voies et les moyens par lesquels ces deux représentations de l’événement se sont construites, affrontées et par lesquels l’une l’a emporté sur l’autre.
La seconde interrogation tend à élargir le débat pour l’inscrire dans une interrogation proprement historique. Les décisions de mars 1983 marquent-elles vraiment un tournant ? Dans quels domaines ? Par rapport à quelle chronologie en amont et en aval ? Loin d’être un seul tournant par rapport à la politique économique de relance suivie depuis juin 1981, mars 1983 peut s’inscrire dans une temporalité plus longue et apparaître comme le signe de ruptures inscrites dans des évolutions plus complexes. Le colloque laisse volontaire- ment ouverte la chronologie qui apparaîtra la plus significative aux participants, selon qu’ils s’attachent à tel ou tel domaine.
La troisième interrogation vise à replacer le « tournant de la rigueur » dans le jeu d’échelles spatiales qui caractérise de manière déterminante la période. Mars 1983 semble également pouvoir être interprété comme un moment particulier dans une évolution où, pour nombres d’activités économiques, financières, monétaires, mais également sociales et culturelles, s’affirme un changement d’espaces : tournant d’abord de la décentralisation qui s’amorce au lendemain du vote des lois Deferre, tournant « européen », ensuite, avec le choix de demeurer dans le SME et la reformation du couple franco-allemand, tournant « international », enfin, à travers les derniers feux de la Guerre froide, l’émergence de l’Asie et l’éclatement du Tiers Monde. Toutes ces évolutions ont un point commun : elles remettent en cause le cadre de l’État-nation où s’inscrivent la pratique politique et la mise en œuvre de la politique économique depuis au moins un siècle. Dans cette optique, le « tournant de la rigueur » ne correspond-il aussi au tournant de ce que l’on commence à nommer, cette même année 1983, « la mondialisation » ?