Samedi dernier, Le Monde publiait une double page sous le titre » Le mystère de la chambre du président « . Sa lecture révélait que selon des informations sûres, complétées de présomptions sérieuses, la villa pharaonique du Cap d’Antibes, construite par le promoteur Christian Pellerin, et aujourd’hui détruite par décision judiciaire, était selon toute vraisemblance destinée à abriter les vieux jours de François Mitterrand.
Que François Mitterrand ait compté parmi ses amis de résistance Pierre Merli, ancien maire d’Antibes, aujourd’hui décédé ; qu’il ait également eu des liens affectifs avec Roger-Patrice Pelat, camarade des camps, ami de Pellerin, également décédé, ne suffit pas, me semble-t-il, comme le conclut pourtant la logique implacable de monsieur Hervé Gattegno (auteur de l’article), à administrer la preuve qu’il ait été ce » président » auquel la mystérieuse chambre du Gap d’Antibes était destinée…
Peut-on imaginer sans sourire qu’un homme tel que Mitterrand ait pu trouver un rôle à sa mesure dans le scénario dérisoire échafaudé par l’auteur de ce papier.
Le Midi ? Rares furent ses escapades dans cette région de France, à laquelle il préférait à l’évidence la Nièvre ou la côte landaise ; Brégançon, et plus durablement Beauvallon, où j’ai eu à diverses reprises l’occasion de le recevoir, lui suffisaient amplement et ses apparitions y étaient rares.
Mais direz-vous, les faits sont précis et si M. Charasse, dont les propos sont repris, dément vigoureusement avoir jamais mis les pieds à » L’Islette « , M. Gattegno, journaliste d’investigation, méticuleux, apporte des dates précises. Notamment ce 29 novembre 1989 que révèlent sans appel les archives de la construction, date à laquelle se situe une visite sur les lieux du premier personnage de la République. Une date aussi précise ne s’invente pas… Bravo pour cet argument inattaquable, à cette nuance près que ce 29 novembre 1989, François Mitterrand était à Athènes en visite officielle, dont il ne devait revenir que le lendemain en fin de matinée.
A défaut de cette visite, un témoignage de grande valeur a été recueilli par votre précieux collaborateur, celui de l’ex-capitaine Paul Barril, présenté comme un ancien membre de la fameuse cellule anti-terroriste de l’Elysée (dont il avait été écarté depuis six ans à la date des faits soit juillet 1983).
Seule contribution mettant explicitement et nommément en cause François Mitterrand, comment ne pas lui prêter le plus grand crédit venant d’un témoin dont l’on connaît la valeur morale exemplaire, illustrée depuis vingt ans par ses multiples faits d’armes, des Irlandais de Vincennes aux complots africains !
Nous restons quelques-uns, fidèles de François Mitterrand, à avoir conservé intacte une capacité d’indignation dont il nous faudra, avec le temps, mesurer le débit si l’on en juge par les divagations mensongères qu’inspire toujours notre ancien patron à tous ceux qui lui ont voué, pour d’obscures raisons, une haine inexpiable.
N’en déplaise au Monde, de telles extravagances, loin d’attenter à la mémoire de l’ancien chef de l’Etat, ne peuvent, par l’absurde, que servir son image, au moins pour les hommes et les femmes de bon sens qui constituent l’immense majorité des Français.