À sa mort en 1996, François Mitterrand a laissé une génération orpheline. Sympathisants de SOS-Racisme, étudiants contestataires de 1986, lecteurs de Globe, tous l’avaient porté lors de sa réélection en 1988 avant de s’en détacher au crépuscule du second septennat.
À l’instar de Julien Dray, Harlem Désir ou Isabelle Thomas, ces jeunes gens à qui l’avenir semblait promis se sont retrouvés pris en tenaille entre une gauche cadenassée par ses apparatchiks et une droite honnie. Il aura fallu l’élection d’un Nicolas Sarkozy fasciné par les années Mitterrand pour leur ouvrir les portes du pouvoir. Si beaucoup ont été approchés, seuls quelques-uns ont franchi le pas, reniant les idéaux de leur jeunesse.
Parmi eux Fadela Amara et, surtout, Georges-Marc Benamou, figure emblématique de ces «enfants de Mitterrand». Porte-voix de sa génération lorsqu’il dirigeait le magazine Globe entre 1985 et 1994, ultime confident du président socialiste, conseiller de Nicolas Sarkozy, son itinéraire illustre le destin de la génération Mitterrand.
Sachant flairer l’air du temps mieux que quiconque, ce personnage balzacien passe pour un intrigant sans foi ni loi. Si l’on retient surtout de lui les polémiques auxquelles son nom a été associé, l’enquête incisive de Maud Guillaumin montre qu’il est le fils de son époque, celle des coups médiatiques où le culot finit toujours par payer.
En filigrane, l’histoire de Georges-Marc Benamou raconte aussi les années 80 et 90. Entre le portrait en clair-obscur et la fresque collective, Les Enfants de Mitterrand revient sur un moment déterminant pour la gauche et jette un éclairage inédit sur la situation politique actuelle.
Maud Guillaumin a également réalisé un documentaire « C’était la Génération Mitterrand » (2011) sélectionné au FIPA (Festival International des Programmes Audiovisuels), un extrait de 15mn est visionnable en cliquant ici.