La disparition de Nelson Mandela m’a fait revivre la très émouvante visite officielle de François Mitterrand dans l’Afrique du Sud Arc en Ciel, début juillet 1994. C’est Nelson Mandela lui-même qui avait voulu que le premier visiteur occidental soit le chef de l’état français, en hommage à l’engagement de la France, de François Mitterrand, et de Laurent Fabius comme premier ministre, contre l’apartheid.
En visite à Berlin et à Postdam il y a quelques jours, j’ai vu au château de Cecilienhoff, où s’est tenu du 17 juillet au 2 août 1945 la conférence de Postdam entre Truman, Churchill, et Staline, une photo du voyage de François Mitterrand en 1991. Celui-ci avait été invité à venir en visite officielle dans les quatre nouveaux länders de l’ex-Allemagne de l’Est : Brandebourg, Mecklenbourg, Saxe, Saxe-Anhalt, Thuringe, par le président allemand Richard Von Weïzacker. Celui-ci jugeait injustes les critiques adressées à François Mitterrand pendant la période de réunification 1989/1990 par une partie de la droite allemande (et une partie de l’opposition et des médias en France). Il avait voulu par cette invitation lui marquer son estime et son amitié.
En avril prochain il y aura vingt ans qu’a eu lieu le génocide rwandais. Si sa réalité en tant que tel ne peut être contestée, la controverse se poursuit chez certains en France sur le plan historique, politique, voire judiciaire sur les causes de ce génocide, la nature du processus qui y a conduit, l’attitude et le rôle des divers protagonistes rwandais, africains, européens, français, américains ou multilatéraux. Le débat se porte également sur ce qui s’est passé au Rwanda avant 1994 (et en particulier à partir des offensives du FPR en 1990) et depuis le génocide et la prise de pouvoir par le Front Patriotique Rwandais, mouvement politique encore au pouvoir aujourd’hui.
Pour notre part nous avons toujours pensé que la France ne pouvait pas être tenue pour responsable de ce qu’elle a, précisément, essayé d’empêcher, même si elle a échoué, ce qui est tragique. Nous publierons prochainement sur notre site un document précis qui répond point par point aux accusations ou interrogations. Et nous sommes bien sûr prêts à participer à une rencontre scientifique sérieuse qui permettrait une analyse objective de ces évènements. Je rappelle que Paul Quilès (président de la mission parlementaire qui avait analysé ce drame en 1998) avait proposé au Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, qu’une commission internationale reprenne dans cet esprit les travaux ou rapports des commissions française, belge, onusienne, africaine, etc, sans succès jusqu’ici.
La question de la proportionnelle revient périodiquement dans le débat politique, à propos de 1986, ou des intentions de François Hollande d’instituer une « dose de proportionnelle ». Rappelons qu’en 1986 il ne s’était pas agi d’une initiative tactique conjoncturelle « pour faire monter le Front National », comme le répètent les perroquets, mais d’un élément du programme du PS. Dès 1972, dans Changer la vie : « le meilleur système est celui de la représentation proportionnelle nationale avec scrutin individuel » (chap. 2.1.1.2) devenu en janvier 1981 la 47ème proposition (sur 110) du candidat Mitterrand : « la représentation proportionnelle nationale sera instituée pour les élections à l’Assemblée Nationale ». On peut débattre de l’opportunité des systèmes électoraux, mais en respectant les faits.
Des événements récents ont relancé des micro-polémiques politiciennes sur « Mazarine et sa mère logées aux frais de la République ». Cela vient-il dire que la protection normale due à un président de la République et à sa famille face à de vraies menaces, n’aurait pas dû s’étendre à sa fille, née hors mariage, mais reconnue, ni à sa mère ? Au nom de quelle bigoterie d’un autre temps ?
Nos lecteurs trouveront dans ce numéro l’hommage, paru en 1994, de François Mitterrand à Nelson Mandela, trois textes intéressants concernant François Mitterrand et le Proche Orient, une interview de Jacques Séguéla et la suite attendue de l’étude de Georges Saunier sur les politiques de l’emploi pendant les deux septennats de François Mitterrand.