Une histoire passionnante : le choix fait pour le Louvre par François Mitterrand de l’immense architecte sino-américain, Ieoh Ming Pei, qui vient de disparaître le 16 mai à 102 ans. Elle est très bien racontée dans un livre d’entretiens d’Emile Biasini avec Jean Lacouture1. Je conseille vivement de redécouvrir cet ouvrage. Emile Biasini fut conseiller d’André Malraux, président de l’Etablissement public du Grand Louvre, puis secrétaire d’Etat aux grands travaux sous François Mitterrand.
Marcel Breuer avait parlé à de I.M. Pei à Emile Biasini. L’architecte était déjà auteur de magnifiques constructions aux Etats-Unis et dans le monde. Biasini a pris contact avec lui par l’intermédiaire du peintre Zao- Wou-Ki ; de son côté, Paul Guimard, écrivain et ami de François Mitterrand et conseiller culturel à l’Elysée, avait également contacté Pei, et c’est lui qui a transmis à Biasini l’accord du Président.
Pei a présenté au Président un avant-projet le 13 juin 1983, puis il a affiné son étude et François Mitterrand l’a alors désigné comme « concepteur du Grand Louvre ». A l’automne suivant, Pei a présenté à New York, en secret, son projet à Biasini : une petite pyramide de verre posée sur la maquette.
Biasini raconte : « C’était à New York. Devant son bureau il avait une petite maquette du Louvre. Il me demandé de me tourner vers le mur (nous étions seuls) et, sortant de sa poche un objet soigneusement pilé, il m’invita à me retourner : c’était une toute petite pyramide de verre, qu’il avait posée au centre. J’ai fait trois fois le tour de la maquette. Il suivait, anxieux, mon regard. Ma réaction fut sans ambages : « C’est un diamant ! » Il ne put retenir sa joie. J’ai aussitôt téléphoné à François Mitterrand : « Ce sera une pyramide ». Le Président a aussitôt admis la proposition. Je suis venu la lui commenter dès le lendemain, à mon retour de New York. Cette forme pyramidale apportait toutes les solutions aux problèmes que Pei voulait résoudre : signaler dignement l’entrée du musée du Louvre, par un volume masquant moins que tout autre le palais, transparent au surplus ; éviter que le regard du visiteur fût contrarié par des reflets insolites et offrir ainsi une bonne vision du palais depuis l’accueil ; respecter, enfin, l’esprit des dessins de Le Nôtre en ses jardins, c’est à dire rester fidèle à l’esprit de son temps. La pyramide exprime ainsi fortement le respect de Pei pour le palais du Louvre. »
Le projet définitif devint public le 24 janvier 1984, lors de sa présentation – mouvementée – à la Commission supérieure des monuments historiques et sites.
« Mouvementée » est un mot faible. On se rappelle la suite : controverses violentes et passionnées, puis à la longue adoption et approbation unanime. Il s’agit sans doute aujourd’hui le premier musée du monde, par la rencontre lumineuse d’un créateur de génie et d’un grand président, dans la lignée des rois qui ont fait le Louvre.
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Cela fait plus de vingt ans que la politique française au Rwanda, de 1990 à 1994, est attaquée de façon systématiquement mensongère, malhonnête et biaisée, l’ignorance le disputant à la mauvaise foi. C’est encore pire depuis le réquisitoire rwandais dit « Rapport Mucyio » de 2008, manifestement rédigé pour servir de « leurre », scandaleusement laissé sans réponse par les autorités françaises.
Dans leur immense majorité, les médias français n’ont pas donné la parole aux analyses et responsables
français et étrangers qui auraient ruiné ces accusations. Raphaël Glucksmann, tête de liste incongrus du PS aux élections européennes, est allé encore plus loin : François Mitterrand selon lui a été « abject », « complice de génocide ». Cela a provoqué une réaction indignée de 23 anciens ministres, dont vous trouverez le texte sur le thème « Trop, c’est trop ».
On peut parfaitement critiquer la politique française au Rwanda, par exemple dire qu’il fallait abandonner ce pays à son sort en 1990, ou au contraire rester en force après les accords d’Arusha en 1993, ou y revenir en 1994 sans mandat du Conseil de sécurité. On peut tout dire, mais pas accuser de complicité de génocide le seul pays (avec la Belgique) qui a tenté d’arrêter l’engrenage de la guerre civile déclenchée en 1990.
Paul Quilès et moi, avons approuvé la suggestion d’Olivier Faure, l’actuel Premier secrétaire du PS, pour que soit organisée une confrontation honnête, complète et transparente de toutes les thèses à ce sujet. Il faudra que ceci soit fait sous l’égide d’une autorité incontestable et indépendante.