Vendredi 20 janvier 2012, dans l’émission La Matinale diffusée sur la chaîne Canal+, M. Henri Guaino, conseiller spécial du Président de la République actuel, a utilisé une citation prêtée à François Mitterrand concernant le chômage : « La différence avec M. Jospin et M. Mitterrand – puisque l’expression était de M. Mitterrand : “contre le chômage, on a tout essayé” – c’est qu’ils ont baissé les bras à un moment donné. Le Président de la République [M. Sarkozy] n’a jamais baissé les bras. »
À l’égard de l’utilisation de cette citation de François Mitterrand “on a tout essayé” — que l’on trouve largement sur internet mais aussi dans les médias — l’Institut François Mitterrand rappelle les faits suivants.
Le 14 juillet 1993, lors de son habituelle intervention télévisée, le Président de la République François Mitterrand répondait à une question de Paul Amar, journaliste à France 2. Ce dernier l’interrogeait sur la politique du gouvernement d’Édouard Balladur à l’égard de l’emploi.
À cette date en effet débutait la seconde cohabitation. Quelques semaines après la défaite du Parti socialiste aux élections législatives, le gouvernement de M. Balladur prenait une série de mesures tandis qu’à l’Assemblée les députés RPR lançaient une polémique contre l’inaction supposée de la gauche dans ce domaine.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la réponse de François Mitterrand : ce “on a tout essayé” doit se comprendre comme “nous avons tout mis en œuvre”. D’ailleurs, pour peu que l’on prenne la peine de prendre connaissance de l’ensemble des propos du Président, on se rend compte qu’il défend à cette occasion l’action menée par ses gouvernements même s’il évoque un « triste résultat. » Loin d’un quelconque fatalisme, il appelle même à la poursuite de l’effort dans ce domaine. L’inverse, donc, de quelqu’un qui baisse les bras : « Je dis simplement que l’on a tout essayé et tout ce qu’essaie le gouvernement actuel doit être autant que possible servi. Car il faut de la continuité dans l’effort. Si l’on fixe la conquête de l’emploi et donc la réduction du chômage comme objectif prioritaire, on a raison. Et je n’ai, moi, strictement aucun motif d’incriminer qui que ce soit. »
14 juillet 1993. Intervention télévisée
Puis, à la fin de l’émission, il ajoute : « Je vous disais tout à l’heure — quand on a commencé notre conversation à propos du chômage — tout a été essayé. Comme la réponse n’a pas été obtenue, c’est bien qu’il faut continuer à chercher ailleurs. Cependant, la somme des efforts réunis pour vaincre ce chômage, le faire reculer, me permet à moi comme au chef du gouvernement d’espérer qu’il va y avoir une inflexion, un coup d’arrêt et puis, ensuite, une amélioration, je l’espère aussi, à la fin de l’année. »