Nous avons souhaité rendre hommage à Pierre Bergé en publiant quelques archives : deux de ses textes et surtout une vidéo.
– Le 26 octobre 2016 lors de la commémoration du Centenaire de François Mitterrand au Louvre il fut l’un des invités de la matinée consacrée à François Mitterrand et la culture pendant laquelle, interviewé par Laure Adler, il revint sur les débuts de l’Opéra Bastille qu’il a présidé de 1988 à 1993. Nous vous proposons ici son intervention dans laquelle il répond, notamment, à la question « qui était François Mitterrand », extraite du site réalisé par l’Institut National de l’Audiovisuel et l’Institut François Mitterrand : http://sites.ina.fr/centenaire-mitterrand/
A l’occasion du centenaire de François Mitterrand Pierre Bergé organisa avec la BNF – François Mitterrand, une conférence intitulée « François-Mitterrand et le livre ». Nous vous proposons de voir ou d’écouter cette soirée en cliquant sur ce lien :
– En novembre 2001, Pierre Bergé, en tant que Président, signait l’édito du Bulletin de l’Association des Amis de l’Institut François Mitterrand annonçant la préparation du 20e anniversaire du 10 mai 1981 :
En Mai dernier, Jean-Louis Bianco et moi, avons souhaité « lancer le compte à rebours ». Il faut probablement clarifier cette expression.
C’est à partir d’aujourd’hui le temps qu’il nous reste pour célébrer le 20e anniversaire de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Pourquoi une telle manifestation et quel est notre rôle ?
François Mitterrand a modelé son temps par son action, ses écrits, ses refus et ses adhésions et c’est à cet homme que nous sommes fidèles. L’Institut doit veiller aux documents qu’il détient, permettre aux chercheurs de nourrir leur travail et, sous l’impulsion de Jean-Louis Bianco et la vigilance de Dominique Bertinotti, montrer le role essentiel que François Mitterrand a joué en tant que chef de l’état dans notre siècle. Dans l’Association que j’ai l’honneur de présider, nous voulons surtout veiller à mettre en perspective l’homme et le président de la République.
Questionner, comprendre, continuer, poursuivre, tel est le sens de notre action. C’est ainsi que le 10 mai 2001, nous célébrerons, dans plusieurs villes de France la victoire de François Mitterrand.
Nous allons travailler et réfléchir pour que cette célébration marque avec éclat, l’arrivée de la gauche au pouvoir et montre l’œuvre et la pensée de François Mitterrand.
– En 2001 Pierre Bergé publiait, chez Plon, son Inventaire Mitterrand. Une « seule règle », écrivait-il, guidant son travail d’écriture : « le refus de privilégier un Mitterrand au détriment d’un autre ». Voici un extrait de la conclusion de l’ouvrage :
François Mitterrand était, on l’a dit, un homme du XIXe siècle égaré dans le XXe siècle qu’il mit du temps à comprendre et à s’approprier. Homme de gauche par ses convictions, son éloquence et son amour de la justice, qui s’était substitué, chez lui, à la charité, il était à bien des égards un homme de droite par sa culture et par ses goûts. Il était sans doute plus proche d’un Victor Hugo ou d’un Chateaubriand, voire d’un Voltaire ou d’un cardinal de Bernis que de bien des écrivains contemporains. C’est pourtant cet homme, ce même homme, qui a accompagné, éclairé et, dans une certaine mesure, préparé et guidé la véritable révolution économique, sociale, morale, intellectuelle et politique qui s’opéra en France sous ses deux septennats et qui nous fit définitivement quitter non seulement le XIXe siècle, avec ses passions, ses modes de pensée, ses clivages, ses archaïsmes et sa morale étriquée, mais aussi le XXe siècle pour nous faire entrer de plain-pied dans le XXIe siècle, dont certains des grands travaux qu’il mit en chantier semblent un symbole éclatant. Ce Charentais, élevé dans le culte de la lenteur et de la largeur, sut quitter les berges rassurantes de son enfance pour se lancer dans la grande mêlée tumultueuse de son temps et accompagner cette formidable accélération de l’histoire qui a, depuis 1981, plus transformé notre pays et nos horizons que les cent dernières années. Cet homme, surgi du tréfonds d’un passé immobile, fut l’accoucheur de l’avenir et l’artisan d’un singulier grand écart que seuls des esprits bornés peuvent réduire à ses incartades, à ses virevoltes. (…)
Quand la « nécessité de replacer l’homme au cœur de tout projet » est la principale leçon qu’inspire un être humain, grand ou petit, président ou simple citoyen , l’on peut se dire que ce dernier n’a pas œuvré en vain ni démérité. Et cela suffit à faire d’un inventaire non pas une simple accumulation de faits mais un message d’espoir qui rend moins amère, lorsqu’elle n’est plus supportable, l’absence d’un ami.