Pour ce premier numéro 2015 de la Lettre, les sidérantes tueries à Charlie Hebdo et au supermarché Hyper-Casher, ont supplanté tout autre événement. La spectaculaire levée en masse du peuple français le 11 janvier pour dire non aux violences fanatiques contre les libertés peut redonner fierté aux Français. Mais qu’en déduire ensuite concrètement et politiquement ?
Il est important de cesser la politique de l’autruche, de nommer l’adversaire : le salafisme djihadiste ; de prendre conscience de l’immense affrontement qui se joue dans le monde entier, au sein de l’islam et par rapport auquel l’Europe est concernée, meurtrie mais périphérique ; de neutraliser les menaces et les assassins potentiels, autant que faire se peut ; d’assécher le vivier où opèrent les recruteurs de la haine de redonner un avenir aux jeunes déstructurés. Tout cela est affaire d’éducation, de rééducation, de désendoctrinement, d’insertion, de réinsertion économique, sociale et urbaine mais aussi, de justice et politique pénale adéquate. Il faut aussi saluer et encourager à aller plus loin les musulmans en France, de plus en plus nombreux, qui ne veulent plus rester silencieux, ou gênés, et cherchent à s’organiser mieux, à s’affirmer pour proclamer avec force « not in my name » pour ne plus nourrir les amalgames. Les Français devraient se rassembler autour de leurs responsables pour atteindre de tels objectifs.
A l’Institut François Mitterrand, nous avons à l’esprit cette gigantesque épreuve et ces défis, dont – peut-être – la France sortira plus forte, alors que nous commençons à préparer les événements, qui, en 2015 et 2016, célébreront le centenaire de la naissance de François Mitterrand (26 octobre 2016). Dès cette année, les 20 et 21 mai, se tiendra avec le ministère de la Défense, et grâce à lui, un colloque important sur François Mitterrand et la Défense.
L’ancien président allemand, Richard von Weizsäcker (de 1984 à 1990), décédé le 31 Janvier dernier, choqué par les critiques adressées par la droite allemande (et reprises par quelques médias français) au moment de la réunification allemande à François Mitterrand, pour lequel il avait la plus grande estime avait exprès invité ce dernier en visite officielle dans les trois nouveaux länders de l’ancienne Allemagne de l’Est pour lui manifester sa considération. Je me souviens de ce moment émouvant.
Enfin nos lecteurs trouveront dans ce numéro des textes variés et intéressant : notamment celui sur l’Euro par Joachim Bitterlich qui fut le plus proche collaborateur d’Helmut Kohl pour l’Europe et les relations franco-allemandes ; les deux articles des lauréats du dernier Prix de l’Institut François Mitterrand – le premier sur la communication politique de Laurent Fabius, premier ministre et le second sur l’expérience de la création d’une radio libre en 1981 : Radio Libertaire. Un court compte rendu de la journée de commémoration du 8 janvier à Jarnac et une présentation du dernier livre de Jean Battut complète ce sommaire.