L’élément majeur de ce second trimestre 2015, aura été, pour l’IFM, le grand colloque que nous avons organisé avec Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, et son cabinet : « François Mitterrand et la défense » qui s’est tenu les 20 et 21 mai dernier à l’École militaire.
Du fait de la personnalité de François Mitterrand, de la durée de ses deux mandats, des événements extraordinaires de cette période, ce colloque a été d’un intérêt exceptionnel. D’ailleurs, Jean-Yves Le Drian souhaite que des « Actes » soient publiés, en plus du livre réalisé pour l’ouverture du colloque qui rassemble tous les textes importants de François Mitterrand sur la défense, ce qui n’avait jamais été fait.
La décision d’associer et de faire dialoguer des décideurs et des acteurs (anciens ministres comme Pierre Joxe, Paul Quilès, Jean-Pierre Chevènement, militaires de haut rang comme l’amiral Lanxade, conseillers importants) à des experts (analystes et historiens de haut niveau) s’est révélée très productive et a donné des résultats constamment remarquables, parfois révélateurs ou étonnants.Le colloque était divisé en quatre demi-journées. Sur François Mitterrand et les militaires, la gauche et l’armée, il a mis en évidence la précocité et l’efficacité du processus de construction d’une confiance mutuelle par François Mitterrand. La matinée sur la dissuasion a rappelé de façon aigüe l’importance des arbitrages de François Mitterrand, toujours inspirés par le souci de l’équilibre des forces : crédibilité de la dissuasion, abandon du pré-stratégique, refus de l’IDS et des concepts de nucléaire de bataille, etc…
Les deux tables rondes sur la fin de la guerre froide, et sur les interventions extérieures, embrassaient des sujets si vastes qu’ils débordaient du temps imparti, déjà long, ce qui justifiera d’y revenir lors d’un colloque envisagé pour 2016 sur François Mitterrand et l’international. Le débat sur la fin de la guerre froide, laquelle a été finalement bien gérée, débouche en effet sur deux autres grands sujets : sur la désintégration incontrôlée de la Yougoslavie, et sur les relations Occident-Russie depuis 1992.
Quant à la table ronde sur les « interventions extérieures », si elle a éclairé les processus de décision d’intervenir et apporté beaucoup d’éléments de compréhension utiles sur la guerre du Golfe, le Liban, l’Afrique (Tchad, Rwanda), entre autres, elle est loin d’avoir épuisé le sujet.
Suivis par un public captivé (mais qui aurait pu être encore plus large, de même que la présence de plus d’opposants de l’époque, ou de critiques d’aujourd’hui, aurait été la bienvenue), ces débats, remarquables historiquement, ont alimenté aussi les réflexions sur les problèmes aujourd’hui (quand, comment faut-il intervenir ? Quand faut-il s’abstenir ?) et nous obligent à une qualité comparable pour nos futurs colloques sur l’International, et sur les années 1984/1988 !