Déjà à Cluny le 26 novembre 2011, sous un ciel gris, pendant les obsèques de Danielle Mitterrand, et alors que des éloges émouvants lui étaient rendus, nous avions décidé de lui consacrer un numéro de notre Lettre de l’Institut François Mitterrand et de lui rendre un hommage particulier, notre hommage.
Naturellement parce qu’elle avait été la femme de François, l’épouse du Président. « François ne meurt pas » écrit-elle le 6 janvier 1996. Mais beaucoup à cause d’elle. De sa personnalité frondeuse, résistante dans l’âme, comme l’écrit si bien Gérard Guicheteau, courageuse et fidèle selon Claude Estier, animée de l’ambition de changer le monde, fragile mais infatigable, jusqu’au bout, première des « Indignés » !
Des amis, des proches, des collaborateurs, des admirateurs témoignent ici de quelques uns de ses plus beaux combats : pour les kurdes – bien sur Kendal Nezan fait revivre son action -, pour l’accès universel à l’eau potable, pour les « biens communs du vivant », plus belle formule que celle du jargon multilatéral « biens publics mondiaux », et bien d’autres. Personne n’était plus étranger qu’elle au monde de l’économie, de la finance, du marché, et de la technocratie. La dernière fois que je lui avais parlé – nous nous étions rencontrés dans un avion, de retour de Moyen-Orient – elle m’avait dit, avec une douceur inflexible et une foi ardente « tu vois bien que ce vieux monde est en train de s’écrouler ». Jean Glavany qui la décrit bien raconte ici qu’elle lui parlait dans le même sens.
« France-libertés », « En toutes libertés » : comme ces mots lui allaient bien.
Et elle avait inventé une façon, bien à elle d’être l’épouse du chef de l’état, « première dame », sans doute, même si elle n’aimait pas ce titre écran, mais plus encore avant, pendant et après les années Élysée, citoyenne responsable et engagée, brûlante de conviction.
Ce numéro est notre contribution à sa mémoire vivante.