Allocution du Président dans la Maison d’Artus lors de la cérémonie de remise du titre de Docteur Honoris Causa à Gdansk le 21 septembre 1993.
Tout au long des deux septennats, François Mitterrand œuvra pour le développement des politiques culturelles. Alors que les Etats-Unis en 1993 réclamaient l’inclusion des créations culturelles dans le champ classique du commerce, le président Français pose alors le principe d’exception culturelle. Lequel sera repris depuis lors de toutes les négociations commerciales internationales.
Il y a près de 20 ans, le 21 septembre 1993, le président François Mitterrand se rendait à la maison d’Artus à Gdansk pour y recevoir le diplôme de Docteur Honoris Causa en présence de Lech Walesa, président de la République de Pologne et de Richard Von Weizsaecker, président de la République Fédérale d’Allemagne. À la suite de la remise de cette distinction François Mitterrand prononce un discours dans lequel il aborde les échanges culturels et emploie pour la première fois le terme d’ « exception culturelle ».
ALLOCUTION PRONONCÉE PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE À L’OCCASION DE LA REMISE DU DIPLOME DE DOCTEUR HONORIS CAUSA GDANSK, 21 SEPTEMBRE 1993
« Il ne s’agit pas de dresser les unes contre les autres les cultures d’Europe et celle du Nouveau Monde mais simplement de préserver l’idée universelle de la culture face aux seules forces de l’économie et donc de faire en sorte que chaque pays, quels que soient ses moyens, puisse participer à la création, à la diffusion, au dialogue des pensées et des formes.
Disant cela, je parle pour l’Europe, bien sûr, mais je songe aussi aux pays du Sud, dont l’essor est inséparable du développement de leur culture.
Voilà pourquoi la France et, je l’espère, l’Europe tout entière, défendront dans l’actuelle négociation internationale la clause d’exception culturelle, celle-là même qui vient d’être adoptée par les Etats-Unis, à la demande du Canada, dans le traité d’échanges nord-américain. Cette clause stipulera que le cinéma et l’audiovisuel sont exclus du champ de l’accord commercial, comme le sont d’autres secteurs sensibles, tels que la santé. Toute autre position serait sans doute contraire au traité de Maastricht qui définit en son article 128 la responsabilité de la Communauté dans je cite : l’épanouissement des cultures des Etats membres et l’appui à la création artistique et littéraire, y compris dans le secteur audiovisuel.
Toute autre position conduirait au démantèlement des mécanismes de soutien de notre création, comme les programmes issus de » Eurêka audiovisuel » qui préfigurent ce que nous devons entreprendre en commun. »