Le numéro du mois d’octobre de « La Lettre » proposait un dossier sur les rapports de François Mitterrand avec la religion. C’est un sujet encore peu exploré à ce jour. Les articles que nous avons publiés n’épuisent donc pas le sujet. Loin de là. Le courrier que nous a adressé Alain Vivien apporte un éclairage personnel sur cette question naturellement difficile à déchiffrer.
« Je reste sur ma faim en ce qui concerne la dernière livraison de « La Lettre » consacrée à François Mitterrand et la religion, nous écrit Alain Vivien. J’aurais aimé que ne soit pas oubliée sa fermeté lors du transfert du corps de l’abbé Grégoire au Panthéon, alors que l’Eglise catholique officielle tournait le dos à un hommage aussi mérité que tardif. Je n’avais eu l’occasion de parler avec le Président de ce prêtre tout à la fois fidèle au catholicisme et profondément républicain qui a marqué durablement de son empreinte notre histoire nationale, de son combat pour la sauvegarde d’un patrimoine menacé par un vandalisme sans mémoire, à son action en faveur de la langue français, ou encore par sa détermination à lutter contre les sectes politico-religieuses de son temps. Autant d’actes posés qui lui valurent l’inimitié admirative de Napoléon et l’animosité des gens de la Restauration. Mais, à la réflexion, plus d’une prise de position de François Mitterrand s’inscrivaient tout naturellement dans la continuité d’une histoire séculaire où le christianisme, principalement dans sa version catholique, inspire sans l’accabler la culture nationale et donne aux politiques un corpus intellectuel et – involontairement sans doute – une capacité de recul à l’égard de toutes les formes de cléricalisme. Ces quelques lignes n’apporteront peut-être pas grand’chose à la connaissance de l’homme intérieur que fut François Mitterrand, en deçà et au delà de ses fonctions publiques. J’ai aimé cependant les communiquer, comme témoignage et par fidélité. »