“Comment mourir ? Nous vivons dans un monde que la question effraie et qui s’en détourne. Ces civilisations, avant nous, regardaient la mort en face. Elles dessinaient pour la communauté et pour chacun le chemin du passage. Elles donnaient à l’achèvement de la destinée sa richesse et son sens. Jamais peut-être le rapport à la mort n’a été aussi pauvre qu’en ces temps de sécheresse spirituelle où les hommes, pressés d’exister, paraissent éluder le mystère. Ils ignorent qu’ils tarissent ainsi le goût de vivre d’une source essentielle.”
Ainsi commencent les dernières lignes publiées par le Président François Mitterrand. Celui qui nous parle a déposé l’autorité des fonctions qu’il a remplies et son rôle dans l’Histoire. C’est l’un de nos semblables qui s’adresse à nous, un mortel comme nous qui nous rappelle à l’essentiel de la vie.(…)
J’ai mêlé à mon propos des phrases de François Mitterrand, avec cependant la crainte de manquer de respect au mystère de son existence. J’emploie à dessein le mot de “mystère” pour désigner le lieu secret où se condense la vie d’un homme et d’où jaillissent les désirs et les ambitions les plus contradictoires. C’est nommer, non pas l’énigme que représente chaque personne aux yeux d’autrui, mais l’ineffaçable marque divine qui nous fait hommes, “créés à l’image et resseemblance de Dieu”.(…)
François Mitterrand a laissé entendre qu’il “croyait à la communion des saints” . Dans cette invisible communion, une foule innombrable partage l’Amour qui donne sens à la vie des hommes. Cet Amour , nous le savons et nous le croyons, est Dieu lui-même. Que François Mitterrand trouve en ce peuple des saints l’aide, le pardon et le courage pour ouvrir, enfin ses yeux sur l’Invisible.”