Frédéric Mitterrand était un passionné de culture. De cinéma d’abord puisque ce fut son premier engagement comme diffuseur dans quelques salles d’art et d’essai. De documentaires et de télévision ensuite, où il a longtemps animé des émissions culturelles avec sa voix inimitable, familière de tant de téléspectateurs. De littérature aussi, auteur de plusieurs livres où sa sensibilité exacerbée s’exprimait en toute liberté quitte à choquer quelque bien-pensants. Mais cet homme avait une faille qui permettait de voir à l’intérieur et c’est ce qui le rendait attachant, émouvant.
Il s’aventura aussi en politique à l’occasion d’un débauchage qui n’honora point son auteur et dont il garda longtemps des marques imméritées car les sectaires de tous bords ne l’épargnèrent guère alors qu’il fut un bon ministre de la Culture dans un gouvernement pour lequel ce n’était pas une priorité. Mais la politique qu’il respectait profondément et qui, à certains égards, le fascinait, n’était pas son monde et il revint tranquillement à la Culture avant d’être atteint par la maladie.
Je l’ai bien connu car il habitait tout près de l’Assemblée nationale et le matin tôt nous prenions notre café dans le même bistrot. Ces derniers mois nous nous sommes parlé plusieurs fois car il avait fait un don de documents personnels à l’Institut François Mitterrand, son oncle à qui il vouait une grande fidélité, et il souhaitait en faire d’autres. Il y a quelques semaines nous étions convenus de nous voir « quand il irait mieux ». Ce temps ne viendra pas et mes pensées chaleureuses et solidaires vont vers sa famille et ses proches.
Jean Glavany, président de l’Institut François Mitterrand