Mesdames,
Mesdemoiselles,
Messieurs,
Chers camarades,
Cher François,
Le 8 janvier 1996, les yeux du monde entier étaient tournés vers la ville de Jarnac. Ce matin-là, François Mitterrand venait de nous quitter et avait décidé de venir reposer dans sa ville natale. Nous pleurions tous celui qui avait su changer la vie des Français.
Le jour de ses obsèques, comme beaucoup d’autres Français, j’ai dû me rendre à mon travail puisque le Président avait demandé que cette journée ne soit pas un jour de deuil national. Peut-être, souhaitait-il que la vie continue normalement.
A cette époque, enseignante, je me suis rendu dans mon école comme chaque jour, cependant, en accord avec notre Directeur, nous avons modifié notre emploi du temps.
Ne pas parler aux enfants du départ d’un Président qui avait tant réalisé pour son pays était pour moi inconcevable. Nous avons considéré qu’il était de notre devoir d’apprendre à nos élèves que nous venions de perdre un grand homme.
A l’heure de regagner nos classes, nous nous sommes rassemblés dans la cour et avons écouté l’avion qui survolait notre village avant de se poser à Cognac puis nous nous sommes réunis dans une salle et avons suivi la cérémonie à la télé.
L’après-midi a été consacrée à une leçon d’histoire particulière au cours de laquelle nous avons retracé tout ce que le Président avait réalisé pour améliorer la vie de tous les Français et préparer l’avenir de la jeunesse.
C’était une façon de lui rendre hommage et de le faire entrer dans l’Histoire
Personne ne nous a fait le reproche de cette démarche.
J’espère que ces enfants devenus adultes maintenant seront capables de choisir le Président qui pourra de nouveau leur redonner espoir dans l’avenir.
N’est-ce pas à l’école de la République d’apprendre aux enfants à devenir des citoyens libres et à leur développer un esprit critique.
Chaque année depuis 1996, l’Institut François Mitterrand, la Fédération, la section du parti socialiste puis la municipalité organisent cette journée de commémoration.
Aujourd’hui, nous sommes là pour nous souvenir mais aussi pour avoir le regard tourné vers le futur.
En effet, cette journée revêt un caractère plus politique puisque notre candidat à l’élection Présidentielle de 2012, François Hollande, malgré un emploi du temps très chargé, a accepté notre invitation pour être une nouvelle fois parmi nous sur ce lieu devenu symbolique.
J’en suis à la fois très honorée, très émue et je te remercie, François, de ta présence, ici, dans notre petite ville de Jarnac.
La Charente, ce département mais aussi ce fleuve paisible au bord duquel se situent le musée et la maison natale du Président, Jarnac, des lieux qui te sont moins familiers qu’à François Mitterrand qui en connaissait tous les recoins mais que tu commences à bien connaître toi aussi pour y être venu de nombreuses fois.
Il y a déjà fort longtemps pour un repas républicain organisé à Barbezieux par la section PS de Jarnac, en 2006 pour les commémorations du 10ème anniversaire, puis en 2008 au musée pour nous confier quelques effets personnels du Président que le PS avait acquis lors d’une vente aux enchères, puis à Cognac où s’était tenu un meeting, et plus récemment à Angoulême.
En 2008, prenant la parole au musée, tu nous avais rappelé que Jarnac, le musée, la maison natale, c’était les souvenirs, mais que le parti socialiste avait le devoir de regarder l’avenir et ne devait pas oublier le message et les engagements laissés par François Mitterrand en précisant qu’il était peut-être temps de lui trouver un successeur.
Aujourd’hui, nous connaissons le successeur mais pour atteindre ce poste suprême tu as besoin de nous tous et nous sommes là pour montrer notre union et notre solidarité.
Pas de nostalgie, nous disait François Mitterrand, le passé doit être la clé pour préparer l’avenir. Le parti socialiste doit rester en mouvement, être fier de ses valeurs. Pour gagner, il faut être cohérent, il faut se préparer, réussir le rassemblement, d’abord des socialistes puis de la gauche dans toute sa diversité, tenir bon, tenir bon».
Aujourd’hui, élus, militants, sympathisants sont là unis à tes côtés pour mener le combat et te conduire, François, à la victoire le 6 mai 2012.
François Mitterrand qui nous disait aussi: « Je crois aux forces de l’esprit, je ne vous quitterai pas », doit être fier de ce rassemblement à Jarnac.
Il fallait aussi « laisser le temps au temps ».
Tu as eu un parcours identique, connu des échecs, Premier Secrétaire, Président du Conseil général, Député, il ne reste plus qu’une dernière échéance, nous sommes tous ici pour t’aider à franchir ce cap et nous réussirons.
Les temps ont changé, les enjeux ne sont plus les mêmes, tu es face à une France ruinée, des Français découragés et la tâche sera dure.
Tu ne promets pas l’impossible, mais ta volonté est de redonner l’espoir aux Français et en particulier aux jeunes pour leur préparer un avenir meilleur.
Le temps des belles paroles de certains s’achève, tu vas bientôt passer à l’action.
Le 10 mai 81, alors qu’il était encore à Château-Chinon et qu’il découvrait les résultats, même s’il croyait à cette victoire, François Mitterrand a prononcé ces quelques mots à son épouse Danielle, qui nous a quittés récemment et pour qui j’ai une pensée émue: « Danielle, qu’est-ce qui nous arrive? » Et oui, il était le 1er Président socialiste de la Vème République et sans avoir le temps de réfléchir davantage, il est reparti très vite à Paris où des milliers de Français l’attendaient pour fêter sa victoire.
Et bien, le 6 mai 2012, c’est toi qui quitteras ta Corrèze pour rejoindre Paris et fêter la victoire et nous crierons tous: » François, Président ».
Dans cette intervention, mon rôle consistait à évoquer le passé et maintenant nous attendons tous que tu nous parles de l’avenir.
Auparavant, je voudrais remercier Monsieur le maire de Jarnac, le personnel de la mairie, les services techniques, la fédération du Parti socialiste de la Charente, la section de Jarnac, les membres de l’association pour le travail accompli depuis plusieurs semaines pour la réussite de cette journée.
Merci à tous.