L’année qui s’achève aura été fructueuse quant à la collecte par la « Lettre » de témoignages et d’analyses sur l’action de François Mitterrand tout au long de son parcours politique et, plus particulièrement, au cours de ses deux septennats. Avec cette publication nous espérons avoir répondu à vos attentes, nous avons aussi voulu offrir aux historiens des matériaux raisonnés ou de première main susceptibles d’alimenter leurs travaux futurs. L’intérêt que suscitent ces pages de notre histoire contemporaine et de celui qui en fut une des figures centrales ne faiblit pas. Chercheurs allemands, anglo-saxons des deux rives de l’Atlantique, japonais ou italiens, pour ne citer que les plus nombreux, nous manifestent fréquemment l’intérêt qu’ils attachent aux documents que nous leur proposons.
Un intérêt constamment réactivé par les débats de la période politique actuelle, en France et en Europe qui alimentent comparaison et réflexion.
S’agissant de la politique sociale impulsée par François Mitterrand, la « Lettre » s’était au cours de ces dernières années appliquée en priorité à recenser et analyser ce qu’elle avait été dans les années qui ont suivi la victoire de 1981.
Une idée communément reçue voulait qu’elle ait été un peu négligée au cours du second septennat. Peut-être parce que l’action de François Mitterrand sur la scène internationale dans un contexte de bouleversements sans précédents – réunification de l’Allemagne, effondrement de l’URSS, mise sur orbite de l’Union Européenne – avait éclipsé ses préoccupations en la matière et celles de ses gouvernements. C’est ce constat qui nous a amené à solliciter un certain nombre de témoins en mesure de nous apporter leur témoignage à travers une série d’articles que nous prolongerons dans l’année qui vient.
De même quand avec, entre autres, la percutante intervention d’Al Gore, les thèmes environnementaux se sont enfin imposés aux décideurs politiques et économiques du monde entier, il nous a semblé intéressant d’examiner ce qu’avait été leur genèse en France au cours des deux décennies passées. La conférence de Bali vient de montrer que ce processus ne pouvait plus être stoppé même si les négociations seront longues et laborieuses. On en retrouve la source dans le sommet de la terre à Rio en 1992 en faveur duquel François Mitterrand avait fait peser tout le crédit de la France. C’est un aspect souvent négligé de ce qui a été son action que nous commençons à ouvrir, et que nous relaterons dans les mois qui viennent.
L’évocation ou l’analyse de l’histoire, même récente, a pour vertu de susciter des débats qui ne peuvent être, à terme, que féconds.
La « Lettre », instrument dédié à la mémoire de François Mitterrand, doit par contre se garder, pour la clarté de son propos, de commenter l’actualité au fil des jours, sans le recul indispensable. Sûre tout de même que le passé dont elle fait sa substance éclaire notre réflexion sur les évènements qui aujourd’hui sollicitent notre attention.