En mai 1981, j’avais 16 ans. Jeune adhérent du MJS, je passais la plupart de mes nuits à coller des affiches. Je me souviens d’une campagne rude où les éléments les plus extrémistes du camp d’en face n’hésitaient pas à rechercher l’affrontement physique.
Le 10 mai 1981 reste pour moi la date la plus marquante de ma vie politique.
Accompagné de mon père, Jean Saint-André, maire de Saint-Omer, nous étions dans un café de la grand-place qui avait installé une télévision. Peu avant 20 heures un silence fébrile s’est installé dans le café bondé et enfumé. Comme l’ensemble du peuple de gauche qui avait tant attendu et tant espéré, nous avons retenu notre souffle lorsque sur l’écran le balayage dessinant petit à petit et de haut en bas le visage du vainqueur nous a fait passer de la peur à la libération. François Mitterrand venait de nous redonner espoir et fierté.
Ce fut à Saint-Omer, comme partout en France, une explosion spontanée de joie, accompagnée de larmes et d’embrassades. Mon père, qui militait depuis tant d’années, n’a pu retenir ses larmes. Il me parlait souvent de 1936 et de son père qui lui disait en voyant passer des ouvriers partant en vacances : « C’est la première fois qu’ils sont libres ».
Ce soir du 10 mai 1981, quelque chose avait changé. Soudain l’air était plus respirable. Grâce à François Mitterrand un vent de liberté venait de redonner à la gauche sa légitimité.
Puisse son message d’unité être de nouveau entendu.
Stéphane SAINT-ANDRE
Ancien député maire de Béthune
Co président national des Radicaux de Gauche (LRDG)