À l’occasion des 27e Rendez-vous de l’histoire de Blois (9-13 octobre 2024), l’Institut François Mitterrand était présent pour une deuxième année consécutive centrée, cette fois-ci, sur « la ville ». Lors d’une table ronde qui s’est tenue dans la salle du conseil municipal de l’hôtel de ville et consacrée aux Grands Projets des « années Mitterrand », Sébastien Repaire, en exergue, a tenu à rappeler un élément essentiel : « François Mitterrand n’a pas seulement voulu changer la vie ; il a aussi voulu changer la ville. » Le thème privilégié a ainsi permis de s’éloigner de l’histoire politique proprement dite, au profit de celle de l’urbanisme et de l’architecture.
Pour ce faire, quatre intervenants se sont succédé afin d’apporter de plus amples précisions sur les rouages de ces Grands Projets : Jean-Louis Violeau, professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes et à l’école urbaine de Sciences Po Paris, a proposé une communication introductive présentant le cadre général de réalisation de ces travaux d’envergure, en insistant notamment sur ce qu’il appelle « le retour du symbolique ». Que sont ces Grands Projets, sinon une architecture du pouvoir, civile, symbolique et ayant pour ambition de perdurer dans le temps ? Virginie Picon-Lefebvre, architecte et professeure à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Belleville, a tenu, dans la foulée de la première intervention, à présenter le projet de La Défense, dans la durée, sans omettre les logiques politiques à l’œuvre. L’architecte et Doyen émérite à l’Université de Columbia Bernard Tschumi est revenu quant à lui sur les notions mêmes de ville, d’architecture, et sur ces concours d’architecture impulsés au début des années 1980, en particulier pour la construction du Parc de La Villette, dont il a été le grand artisan. Enfin, Diane Aymard, doctorante, historienne de l’architecture, a présenté les recherches qu’elle a menées dans le cadre d’une mission à la Cité de l’architecture et du patrimoine : il s’agissait d’éclairer, de retracer « la vie mouvementée » des maquettes des Grands Travaux longtemps présentes à Jarnac, et qui ont ensuite rejoint la Cité de l’architecture à Paris.
S’est ensuivi un échange avec un public une nouvelle fois au rendez-vous. Cette table ronde, plus qu’une simple histoire de la mise en œuvre des Grands Projets initiés durant les « années Mitterrand », a eu l’ambition de saisir au vol toute son effervescence avec ses acteurs, ses concours, ses projets, ses rivalités. Elle souligne, en somme, ce tournant dans le paysage avec cette volonté d’inscrire les deux septennats de François Mitterrand dans la durée. La ville est le laboratoire de la pérennité politique, le symbole de l’ambition sans cesse renouvelée, le lieu dans lequel les idées fusent, s’affrontent. Elle est le lieu de la politique par excellence.
Bastien Parize, doctorant CIFRE (Institut François Mitterrand – EHESS), chargé de mission au sein du pôle scientifique