« J’aimerais enfin que fut introduit dans notre Constitution, au même titre que le Conseil supérieur de la magistrature et que le Conseil constitutionnel, et au même rang que les autres pouvoirs, l’organisme dont notre démocratie a grand besoin pour assurer le pluralisme, la transparence et la cohésion de notre système audiovisuel. Avant la loi due à Georges Fillioud qui a créé, en 1982, la Haute Autorité, 1’Etat était le seul maître à bord. Il en usait et abusait. Avec la Haute Autorité composée de neuf membres renouvelables par tiers tous les trois ans et nommés par le chef de l’Etat, le président du Sénat et le président de l’Assemblée nationale, le changement fut considérable. Quelques remous, quelques soubresauts puis l’apaisement prouvèrent que cette nouvelle institution était entrée dans nos moeurs à une vitesse record. Aussi fut-on profondément surpris d’apprendre, en 1986, que la nouvelle majorité s’apprêtait à supprimer la Haute Autorité pour la remplacer par une commission dite de la communication et des libertés, ce qui fut fait.
A la lumière de cette deuxième expérience, qui aura eu le mérite de montrer ce qu’il ne fallait pas faire, on doit, je crois, songer à pérenniser l’institution en l’intégrant dans la Constitution. Bien entendu, un large consentement des familles politiques serait nécessaire et sur la structure et sur les compétences de ce conseil supérieur de l’audiovisuel.
Je laisse le soin au futur gouvernement d’aller plus loin dans l’analyse. Cependant, je livre ici le fond de ma pensée : l’important est que la composition de ce conseil échappe aux influences politiques directes ou indirectes; que ses membres, en nombre restreint, sept ou neuf, soient, dans leur majorité, des professionnels appartenant aux différentes disciplines de l’audiovisuel. »
François Mitterrand –
Lettre à tous les Français – 1988
Avec l’interview d’Hervé Bourges, l’Institut François Mitterrand a ouvert une série d’article consacré à la Communication publiés dans sa Lettre n°43
Pour compléter ce dossier nous vous proposons de lire, ou de relire, les articles déjà publiés en 2004 dans la Lettre n°7 de l’Institut François Mitterrand consacrée à la politique de l’audiovisuel de 1981 à 1995, ainsi que l’hommage de Michèle Cotta à Georges Fillioud de 2011.