Monsieur le Directeur,Je suis lecteur du » Monde » depuis sa fondation par Hubert Beuve-Mery au lendemain de la guerre, en 1945.
Jusqu’ici, je ne crois pas m’être beaucoup écarté de sa ligne éditoriale, même si certaines de nos options respectives différaient. La diversité des préférences du journal témoignait au contraire, à mes yeux, d’une recherche d’objectivité. Or, tel n’a pas été le cas à la lecture du journal des 8 et 9 décembre.
Deux pages présentées sous un titre racoleur : « Le mystère de la chambre du président ».
J’en fus accablé, nul ne pouvait déceler que la relation d’une « escapade aérienne » du 29 novembre était mensongère. Si André Rousselet n’avait pas révélé que ce jour-là le Président était en Grèce, chacun aurait pu croire qu’il s’agissait d’une preuve irréfutable.
Inutile de chercher d’autres justifications, sauf falsifiées, dans cette interminable démonstration soigneusement élaborée. Les témoins d’une soi-disant double visite de Michel Charasse parlent « sous couvert d’anonymat ». Quant au capitaine Barril, il ne parvient décidément pas à apaiser sa rancœur d’avoir été écarté de l’Elysée après ses manipulations de preuves dans l’affaire des Irlandais de Vincennes. Il continue d’exceller dans sa spécialité. Le président de la République se rendant en secret, par la mer, en hors-bord au Cap d’Antibes, entre deux réunions du sommet franco-africain. Cela relève, en effet, selon les propres termes de M. Barril, des exploits de Polichinelle.
Il ne s’agit pas ici d’ouvrir une controverse. L’article en cause n’a pas d’autre objectif que de discréditer -post mortem- l’ancien président de la République. Je ne trouve pas d’autre mot que celui d’imposture.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de mes meilleurs sentiments.