Depuis douze ans notre Institut a mis en œuvre tous les moyens dont il dispose pour répondre au voeu de François Mitterrand qui souhaitait que son action trouve un prolongement à partir d’un centre d’études consacré à sa période et à son action, et au-delà à la connaissance de l’histoire de notre temps.
Il nous a fallu dans un premier temps nous attacher à un long travail, obscur mais indispensable, de classement et de numérisation des documents qui nous ont été confiés. A partir de cet outil, il a été possible de répondre aux demandes des chercheurs français et étrangers – de plus en plus nombreux- qui travaillent sur ces dernières décennies et plus particulièrement sur l’œuvre politique de François Mitterrand. A ce sujet les rapports avec les Archives Nationales se clarifient et s’améliorent régulièrement.
L’Institut publie cette Lettre que vous lisez qui propose des analyses et des témoignages, matériaux utiles pour les historiens de demain.
La maison natale de François Mitterrand, à Jarnac, a été acquise grâce à un tour de table dont l’Institut a pris l’initiative, et, après les aménagements indispensables, ouvrira bientôt ses portes au public en janvier 2009. Cette demeure permet de mieux comprendre à partir de quel enracinement provincial et familial un jeune homme s’est projeté dans le siècle.
Mais nous devons penser à l’avenir. C’est pourquoi j’ai souhaité élargir le cercle de la réflexion sur ce que devra être l’Institut dans le futur. Au cours d’une réunion amicalement accueillie le 11 juin 2008, par Dominique Bertinotti, maire du 4ème arrondissement de Paris, les animateurs de l’Institut en ont débattu avec une cinquantaine d’anciens ministres, de proches, d’amis et d’anciens collaborateurs de François Mitterrand. Les trois missions principales de l’Institut ont été rappelées : mémoire, vigilance, débat, et de nombreuses suggestions ont été faites.
Il est souhaité que le travail de mémoire soit poursuivi de façon méthodique et scientifique, et donne lieu à plus de publications et à de colloques. L’Institut amplifiera ainsi son travail de récollection et de restauration de documents et témoignages pour les mettre à la disposition des chercheurs. La publication des œuvres complètes de François Mitterrand et, y compris, de sa correspondance personnelle, déjà décidée, fera l’objet d’un projet particulier.
La vigilance doit rester de mise face aux attaques, mais la vocation de l’Institut n’est pas de s’épuiser à riposter en permanence à des polémiques éculées, dont certains ont fait un douteux commerce. D’autant que chaque fois qu’ils sont interrogés les Français placent François Mitterrand très haut, parmi les « grands présidents. »1 Chacun de nous peut réagir à des affirmations erronées quand il en a l’occasion.
Le devoir de l’IFM est d’intervenir chaque fois que quelque chose d’essentiel est en jeu, comme j’ai dû récemment le faire à propos de la France et du génocide au Rwanda.
La participation aux débats de notre temps. Notre Institut pourrait également s’associer utilement à d’autres fondations du même type, en Europe et aux États-Unis, pour approfondir des thèmes qui constituent un lien, de l’action de François Mitterrand en son temps à l’actualité d’aujourd’hui, comme cela avait été fait avec le colloque sur les élus. Il n’en manque pas. Citons, à titre d’exemple, la stratégie de la gauche, la décentralisation, le devenir de l’Europe, la vision de ce que pourrait être l’espace méditerranéen, le Proche-Orient, les États-Unis, l’Afrique…
Mais cette réflexion sur l’avenir ne doit pas se limiter à cette soirée du 11. Chacun est invité à y participer en nous faisant part de ses remarques et propositions.