Cet opuscule, fruit d’une thèse universitaire, est consacré à une analyse des phénomènes de mémoire collective au sein d’un grand parti politique comme le parti socialiste. La mémoire du mitterrandisme, telle qu’elle s’est constituée dans les dernières années de son septennat, fournissait un terrain idéal pour une recherche de science politique sur un tel sujet.
L’auteur entend embrasser dans un même mouvement- et c’est ce qui fait l’originalité de sa démarche- la mémoire des principaux acteurs à travers leurs écrits – livres de souvenirs dans lesquels l’autojustification n’est jamais bien loin- et la mémoire vécue des militants, moins élaborée mais non épargnée par l’effet des clivages internes et par l’appartenance générationnelle.
La première partie, pour nous la plus intéressante, est une analyse des discours ou des controverses qui ont fleuri autour du trop fameux thème du » droit d’inventaire « , cette expression que, paraît-il, Lionel Jospin n’aurait jamais prononcée ! A travers les déclarations de ce dernier, comme à propos des ouvrages, plus nuancés, de Claude Estier et de Jean Glavany, longuement analysés, on voit à quel point, avec le recul des années, ces » mémoires » sont tributaires de la conjoncture politique, et des nécessaires réajustements à opérer en fonction des circonstances électorales du moment. Chacun appréciera, comme il voudra, l’efficacité de cette stratégie politique qui démarre sur une attaque en règle d’un passé auquel on n’a pas peu contribué, une fois que le cycle politique s’achève, suivie aux premières difficultés gouvernementales venues, de l’appel à des figures du mitterrandisme, et non des moindres, pour occuper d’éminentes fonctions ministérielles.