Le jury du prix de l’Institut François Mitterrand, composé de Jean-Pierre Azéma, Dominique Bertinotti, Serge Berstein, Jean-Claude Colliard et Jean Musitelli, s’est réuni le 18 mai 2011 afin d’examiner les mémoires de masters concourant pour son attribution.
Après délibération, le jury a décidé d’attribuer, pour l’année 2010-2011, le prix de publication à Monsieur Paul CHAPUT et son mémoire sur La France face à l’initiative de défense stratégique de Ronald Reagan (1983-1986). De la guerre des étoiles à la construction européenne.
Vous êtes le lauréat du prix de l’IFM. Une belle surprise ?
Être lauréat du Prix de l’Institut François Mitterrand est un honneur et une sincère surprise. Un honneur car il est très gratifiant de voir son travail couronné et reconnu. N’étant qu’un étudiant de 23 ans, j’avoue avoir du mal à réaliser cette reconnaissance. Mon Master d’Histoire contemporaine, qui a abouti à ce mémoire, a été pour moi une véritable aventure humaine, exaltante et imprévisible. Ce Prix vient définitivement saluer cette belle aventure, c’est une sorte de parachèvement qui me rend confus de fierté. Une sincère surprise, ensuite, car le concours de l’IFM sélectionne des travaux universitaires avec exigence, et que le mien n’était qu’un mémoire parmi d’autres, tout aussi méritants. Accoucher de ce mémoire n’a pas été une chose aisée en raison de l’envergure du thème, et il y eut des moments de doute, d’angoisse. J’avais autour de moi des personnes pour me soutenir – certaines ne sont hélas plus là maintenant – et malgré tout, j’ai toujours voué une véritable passion pour ce que j’avais entrepris. C’était mon sujet de recherche, et pour rien je ne l’aurais échangé.
Sur quoi portent vos recherches ?
La Guerre froide me passionne. J’ai proposé à ma directrice, à l’Université de Rennes 2, de travailler sur un sujet méconnu et pourtant fascinant : ce projet du Président Reagan, cette fameuse et dans le même temps obscure guerre des étoiles. Arrivé en Master, l’opportunité m’était donnée de me consacrer à part entière à l’étude de cet épisode majeur de la Guerre froide m’ayant tant marqué dès ma scolarité, dans un contexte historiographique favorable. J’allais vite me rendre compte que l’Initiative de Défense Stratégique était de plus en plus considérée avec intérêt dans une perspective d’explication de l’effondrement soviétique, et aussi dans une perspective plus contemporaine, liée aux enjeux actuels sur la militarisation de l’espace. L’IDS avait jusqu’ici peu intéressé les historiens français, à la différence des Anglo-saxons. Face à leur production existante, mon angle d’attaque consistait en un axe franco-centré, c’est-à-dire voir en quoi l’IDS (et la philosophie reaganienne sous-tendue), affectait un pays allié comme la France, puissance nucléaire et indépendante, et comment le gouvernement socialiste a réagi.
Quelles sources et archives avez-vous utilisé ?
Collecter les témoignages d’anciens protagonistes (politiques, militaires, scientifiques, français ou étrangers), éplucher la presse de l’époque, recueillir et m’imprégner de la bibliographie, consulter sous dérogation plusieurs fonds d’archives de la Présidence de la République et du ministère de la Défense, a constitué l’essentiel de mon travail de recherche durant deux ans.