Nos lecteurs trouveront dans ce numéro la liste des administrateurs qui, autour d’Hubert Védrine, président, de Michel Charasse, vice-président, de Gilles Ménage, secrétaire général, et du trésorier Jacques Bonnot, ont désormais la charge de l’Institut François Mitterrand ; ils devront toutefois attendre la prochaine livraison de la “Lettre”, à paraître dans cinq ou six semaines, pour lire un éditorial d’Hubert Védrine, qui leur présentera les initiatives délibérées par le nouveau conseil.
C’est donc un numéro de transition qui vous est adressé aujourd’hui ; mais, s’il n’aborde directement aucun des grands problèmes qui se posent en France et dans le monde (en France, ceux du quotidien “Le Monde” ; dans le monde, ceux que pose le rôle de la France), ce numéro permettra d’utiles rapprochements : les quelques pages d’un ouvrage à paraître sur “François Mitterrand et les territoires français du Pacifique”, dont les auteurs nous ont permis d’offrir la primeur à nos lecteurs, illustrent bien le souci qu’a toujours eu François Mitterrand d’éviter en toute circonstance le recours à la force ; et l’invraisemblable “enquête” d’un proche collaborateur de M. Plenel, “le mystère de la chambre du président”, donne une idée des abus auxquels conduit la position dominante d’un organe de presse quand elle est mise au service d’une partialité sans vergogne.
La “Lettre de l’Institut François Mitterrand” aura sans doute l’occasion de revenir sur ces questions ; mais il est d’autres sujets qui retiennent l’attention, et il en est un qui, à l’approche du congrès de Dijon, ne devrait pas laisser nos lecteurs indifférents : c’est le souvenir du grand événement que fut le congrès d’Epinay (11-13 juin 1971).
Je ne résiste pas au plaisir de citer les quelques lignes par lesquelles Raymond Barrillon introduit son compte rendu des journées d’Epinay dans “Le Monde” du 15 juin 1971 : “L’histoire admettra sans doute, si elle n’est pas trop injuste, que de l’automne 1965 au printemps 1971, François Mitterrand aura, avec des fortunes diverses selon les moments, voué toute l’énergie, toute la foi et tout l’acharnement qu’il peut y avoir en un homme à la réalisation d’un grand dessein : l’unité de la gauche considérée dans son ensemble et le regroupement des diverses tendances du socialisme français et des courants qui s’en rapprochent le plus…”
Peut-être, avec la permission du “Monde”, reproduirons-nous in extenso l’article de Raymond Barrillon dans notre prochain numéro ; mais, de toute façon, nous publierons le texte des entretiens qu’ont bien voulu nous accorder deux des protagonistes d’Epinay : Pierre Mauroy et Jean-Pierre Chevènement. Nos lecteurs y trouveront de quoi réfléchir et – qui sait ?- de quoi rêver…