Les 18 et 19 janvier 2009, l’Ambassade de France à Sophia organisait la commémoration du 20ème anniversaire de la visite du Président François Mitterrand en Bulgare (18-19 janvier 1989). L’Institut François Mitterrand a largement participé à cet événement : Roland Dumas et Jean Musitelli[On lira le compte rendu de la manifestation [ici.]] le représentaient ; il a fourni une aide précieuse pour la préparation des expositions ; il a contribué financièrement.1
Manifestations
L’initiative de l’Ambassade — qui a été un succès — s’est déclinée autour de plusieurs temps forts :
– la présentation et la publication d’un livre de témoignages bilingues, « Sur les pas de la liberté », édité en 1000 exemplaires ;
– l’organisation d’un colloque commémoratif, pour lequel 6 personnalités venues de France s’étaient déplacées (MM. Dumas, Musitelli, Lataillade, Manville, Frison-Roche et Mme Véronique Soulé). Ce colloque a réuni 150 personnes à l’Académie des Sciences. Il fut ouvert par M. Pirinski, Président de l’Assemblée Nationale ;
– une exposition à la Résidence de France, pendant toute la semaine, retraçant la visite du Président ;
– l’inauguration d’une place François Mitterrand à Plovdiv, où s’était rendu le Président, et la pose d’une plaque commémorative de sa visite sur la Maison Lamartine ;
– une reconstitution du célèbre petit déjeuner avec les survivants de l’époque.
Revue de la presse bulgare
Sous des titres comme« Un petit-déjeuner 20 ans plus tard » (Troud), « Cinq ingénus ayant pris un petit déjeuner avec Mitterrand se sont réunis à nouveau » (24 Tchassa), « Des dissidents se sont rappelés le petit déjeuner avec Mitterrand »(Douma), « Sur les pas de la liberté » (Monitor) — qui reprend le titre de l’ouvrage de témoignages de l’époque publié sous la direction de l’Ambassade de France en décembre dernier –, les principaux journaux évoquent largement les commémorations du 20e anniversaire de la visite du Président Mitterrand en Bulgarie. Ils insistent notamment sur le petit déjeuner avec douze intellectuels et contestataires à la Résidence de France à Sofia, considéré comme l’un des moments forts.
La plupart des journaux font état, en première page, de la reconstitution de ce petit déjeuner, hier à la Résidence de France, avec la participation des cinq survivants : – l’ancien Président Jéliou Jélev ;
– le cinéaste et écrivain Angel Wagenstein ;
– l’artiste peintre Svétlin Roussev ;
– le philosophe et ancien ministre de l’Education Nikolaï Vassilev ;
– la journaliste et rédactrice en chef du journal Kultura Koprinka Tchervenkova.
M. Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères du Président Mitterrand s’est rendu à Sofia pour participer à la commémoration. La Commissaire européenne chargée de la protection des consommateurs, ancienne ministre des affaires européennes de Bulgarie Mme Mégléna Kounéva a pour sa part été invitée au petit déjeuner. (Sega)
Les médias font également état de l’exposition inaugurée dans les salons de la Résidence, contenant des documents et fac-similés ressuscitant l’atmosphère de l’époque. Elle sera ouverte au public à partir d’aujourd’hui jusqu’à dimanche inclus.
Le colloque organisé dans le cadre des commémorations retient aussi l’attention des médias. Il a été ouvert par le Président de l’Assemblée nationale, M. Gueorgui Pirinski, selon lequel « la rencontre tenue le 19 janvier 1989 entre dans l’histoire raison de l’impulsion importante vers le changement dont elle a été la cause». (Douma)
Tous les quotidiens notent également que M. Roland Dumas et la délégation française ont été reçus hier par le maire de Sofia qui leur a annoncé la décision de la municipalité de baptiser une rue à Sofia du nom de François Mitterrand.
Plusieurs journaux parlent de l’ouvrage « Sur les pas de la liberté », recueil de témoignages des principaux acteurs, tant français que bulgares, de la visite du Président Mitterrand. (Monitor)
Monitor publie sous le titre « Je suis confiant dans la capacité des nouvelles générations à faire reculer la corruption » un entretien avec M. Roland Dumas.
Le même Monitor publie par ailleurs une longue interview de M. Jeliou Jelev, l’un des 12 dissidents devenu premier président de la Bulgarie démocratique, sur les détails de la préparation de la visite du Président Mitterrand, soulignant également son importance historique concernant les évolutions démocratiques du pays.
Les journaux annoncent également qu’une place à Plovdiv portera à partir de demain le nom de François Mitterrand. Il est précisé qu’à Plovdiv, l’ambassadeur de France M. Etienne de Poncins remettra le jour même à Sœur Mariana Karakoléva les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur. Il est précisé que l’Ambassadeur de France souhaite ainsi rendre hommage à tous ceux qui, pendant des décennies, ne se sont jamais résignés face au régime communiste. (24 Tchassa).
Interview du professeur Nikolaï Vassilev
(24 heures, 20/01/2009)
Professeur Vassilev, vous avez participé au petit-déjeuner des dissidents avec le Président Mitterrand à l’ambassade de France il y a 20 ans. Quel est votre sentiment sur cette rencontre aujourd’hui ?
Il ne faut pas s’adonner au fétichisme. Les médias ont exagéré quand ils nous ont appelés « les apôtres de la liberté ». Mais l’événement était un pas important pour l’affirmation de la démocratie chez nous.
En tant qu’ancien ministre de l’Education, enseignant et chercheur, vous ne pouvez pas ne pas être ému par ce qui se passe dans les rues ces jours-ci. Que pensez-vous de la manifestation de protestation des étudiants ?
Ce qui m’étonne c’est que les représentants des conseils étudiants se démarquent des manifestations de protestation. Je pense que nous avons suffisamment de raison de protester tous contre la politique du gouvernement. Car ce qui s’est passé dans la Cité universitaire, se passe également dans l’ensemble de la Bulgarie. Les étudiants portaient des slogans comme « La mafia hors de la Cité universitaire ! », mais personne n’a pensé à scander « La mafia hors de la Bulgarie ». Je souhaite que les étudiants s’insurgent. Beaucoup d’hommes politiques doivent être mis en prison. Ce qui nous ronge, c’est la corruption totale. Nous perdons beaucoup à cause de la corruption à tous les niveaux. Notre argent est subtilisé. Les investisseurs étrangers sérieux sont repoussés. L’UE nous supprime des fonds européens. Nous avons créé une image désastreuse de nous-même dans l’UE. La Bulgarie est désormais reconnue comme un État corrompu, un État de bandits et cette image est difficile à corriger.